•  
    Elle est la terre, elle est la plaine, elle est le champ.
    Elle est chère à tous ceux qui sèment en marchant ;
    Elle offre un lit de mousse au pâtre ;
    Frileuse, elle se chauffe au soleil éternel,
    Rit, et fait cercle avec les planètes du ciel
    Comme des sœurs autour de l'âtre.

    Elle aime le rayon propice aux blés mouvants,
    Et l'assainissement...

  • Laboureur, n’est-ce pas qu’elle est belle, la terre,
    Qu’elle est plaisante à l’œil, qu’elle est douce à la main
    Et qu’après un orage il monte de son sein
    Une odeur enivrante, ardente et salutaire ?

    Si tu souris au blé que ta charrue enterre,
    Ce n’est pas seulement pour le souci du pain ;
    Tu trouves ton plaisir à voir germer le grain,
    Par admiration...

  • La terre a vu jadis errer des paladins ;
    Ils flamboyaient ainsi que des éclairs soudains,
    Puis s’évanouissaient, laissant sur les visages
    La crainte, et la lueur de leurs brusques passages ;
    Ils étaient, dans des temps d’oppression, de deuil,
    De honte, où l’infamie étalait son orgueil,
    Les spectres de l’honneur, du droit, de la justice ;
    Ils...

  • Ô beaux rêves passant dans cette brise ailée
    Qui met de grands frissons dans les doux ajoncs d’or,
    Retenez, un instant, l’haleine parfumée
    De l’enchanteur passé de la terre d’Arvor.

    Puisse le vent cinglant les landes de l’Arrée
    Ranimer en nous tous un espoir assoupi !
    Puissent les vaillants fils d’une race effacée...

  •  
    Enfant sur la terre on se traîne,
    Les yeux et l’âme émerveillés,
    Mais, plus tard, on regarde à peine
    Cette terre qu’on foule aux pieds.

    Je sens déjà que je l’oublie,
    Et, parfois, songeur au front las,
    Je m’en repens et me rallie
    Aux enfants qui vivent plus bas.

    Détachés du sein de la mère,
    De leurs petits pieds incertains
    ...

  •  
    À l’origine, seul, le Vide ténébreux
    S’étendait sans limite et dans un froid silence
    Quand soudain, plus furtifs qu’une lueur de lance,
    Saignèrent dans la nuit des éclairs douloureux.

    Puis un frisson d’angoisse, un très faible murmure
    Troubla les profondeurs de l’abîme sacré ;
    Et tout l’espace fut brusquement déchiré,
    Comme éclate en automne...

  •  
    À Agénor Brady.

    Roulant dans la nuit solitaire,
    Les astres dirent à la terre :
    « Où vas-tu, monde audacieux ?
    Comme un point perdu dans l’espace,
    Ton orbe étroit tremble et s’efface,
    Mais toujours on connaît ta place,
    Au bruit que tu fais dans les cieux !

    « Ô terre dont le flanc tressaille,
    Quel enfantement te travaille ?...

  •  
    Et tu mourras sur la montagne où tu montes. Tu verras
    vis-à-vis de toi le pays ; mais tu n’y entreras point.
    BIBLE

    Quand Moïse, vieilli, sentit venir sa fin,
    Dieu lui dit : « Gravis la montagne,
    « Et de là tu verras, au loin dans la campagne,
    « Chanaan t’apparaître enfin. »

    Le soleil se couchait : un bandeau vert et pâle...

  •  
    Lorsque tu reviendras, mon petit, de là-haut,
    ― Et je crois, malgré tout, que ton retour est proche, ―
    Si tu n'es cul-de-jatte, aveugle ni manchot,
    Et si tu comprends bien que tu dois au plus tôt
    Raccrocher ton fusil et reprendre ta pioche,

    Rapporte dans ton sac ou ta musette, au lieu
    De quelques vains éclats de ferraille rouillée,
    Un peu de...

  • Toutes les amours de la terre
    Laissent au cœur du délétère
    Et de l’affreusement amer,
    Fraternelles et conjugales,
    Paternelles et filiales,
    Civiques et nationales,
    Les charnelles, les idéales,
    Toutes ont la guêpe et le ver.

    La mort prend ton père et ta mère,
    Ton frère trahira son frère,
    Ta femme flaire un autre époux,
    Ton...