O toi que le bonheur redoute,
Fatidique vieillard, seul ami du malheur,
Dieu qui portes la faux, éternel moissonneur,
O Temps ! — ma voix t’implore, écoute
Ce vœu, — le dernier vœu que doit gémir mon cœur.

Hâte pour moi ton vol suprême ;
Des espoirs...

Jadis les gens étaient moins bêtes,
— Du temps que les bêtes parlaient, —
Les cœurs étaient vaillants, les têtes
Pour la liberté s’emballaient ;
La foi des peuples était prompte
Vers leurs dieux qui les...

 
Inque situm furtim musa trahebat opus!

Ovidius.

I

Au temps que j’étais pur et tout léger d’années.
Quand, pensif écolier, je rêvais dans les bois,
Toutes les nuits, alors, de roses couronnées,
S’inclinaient sur ma couche, avec de douces voix...

On fouille à chaque fin d’année
Parmi les cendres de son cœur,
Cherchant après toute flambée
Les vaines traces du bonheur.

Chaque jour, depuis notre enfance,
Marqué d’un caillou blanc ou noir,
Reflète en nous la survivance
Des mots d’amour, des mots d’...

Es-tu donc bien parti ? … Je croyais ressentir
Cette vibration dont j’aimais à jouir
Quand ta voix s’élevait tranquille, harmonieuse,
Et frappait la paroi de mon oreille heureuse.
Oh ! ce n’était hélas ! que le soupir d’été
À la brise venant parler d’éternité....

Can lo dous temps comensa
E pareis la verdura
E.l mons s’esclair’ e gensa
E tot cant es, melhura,
Chascuna creatura
S’alegra per natura.
Eu sols fatz estenensa
De far envezadura.

En aspra penedensa
Sui, s’a lonjas me dura,
Qu’en tal ai...

 
Des flots du temps apparais, ma bien-aimée,
Avec tes bras marmoréens, avec ta longue chevelure blonde
Et ta face, diaphane comme la face de la blanche cire,
Amaigrie par l’ombre des douleurs poignantes !
De ton doux sourire tu consoles mes yeux,
O femme...

Le fleuve du temps dans son emportement
Éparpille au loin les œuvres des Hommes
Et noie dans l’abîme de l’oubli
Tous les peuples, les royaumes et leurs rois
Et si quelque chose doit subsister
Par le son du cor et de la lyre
Le gouffre de l’éternité le dévorera...

Combien vas-tu tuer d’hommes, sombre Océan ?
Tu portes aujourd’hui ta couronne d’écume ;
Et la folle poussière étincelante fume
Sur les gouffres où l’œil plonge dans le néant.

Des sillons longs et noirs rident ton sein béant ;
Leurs bords, frangés de blanc,...

Je vis dans la nuée un clairon monstrueux.

Et ce clairon semblait, au seuil profond des cieux,
Calme, attendre le souffle immense de l’archange.

Ce qui jamais ne meurt, ce qui jamais ne change,

L’entourait. À travers un frisson, on sentait
Que ce buccin fatal,...

Poet: Victor Hugo