• Quand quelquefois je pense à ma première vie
    Du temps que je vivais seul roi de mon désir,
    Et que mon âme libre errait à son plaisir,
    Franche d'espoir, de crainte, et d'amoureuse envie :

    Je verse de mes yeux une angoisseuse pluie,
    Et sens qu'un fier regret mon esprit vient saisir,
    Maudissant le destin qui m'a fait vous choisir,
    Pour rendre à tant...

  • Quand je pouvais me plaindre en l'amoureux tourment,
    Donnant air à la flamme en ma poitrine enclose,
    Je vivais trop heureux ; las ! maintenant je n'ose
    Alléger ma douleur d'un soupir seulement.

    C'est me poursuivre, Amour, trop rigoureusement !
    J'aime, et je suis contraint de feindre une autre chose,
    Au fort de mes travaux je dis que je repose,
    Et montre...

  • Philis, quand je regarde au tems promt et leger
    Qui derobe soudain nos coulantes années,
    Je commence à conter les saisons retournées,
    Qui viennent tous les jours nos beaux jours abreger.

    Car ja quarante fois nous avons veu loger
    Le soleil au Lion des plus longues journées,
    Depuis que nous avons nos amours demenées
    Soubz la foy qui nous fist l'un à l'...

  • Quand vous lirez, ô Dames Lyonnoises,
    Ces miens écrits pleins d'amoureuses noises,
    Quand mes regrets, ennuis, dépits et larmes
    M'orrez chanter en pitoyables carmes,
    Ne veuillez point condamner ma simplesse,
    Et jeune erreur de ma folle jeunesse,
    Si c'est erreur. Mais qui dessous les Cieux
    Peut se vanter de n'être vicieux ?
    L'un n'est content de sa sorte...

  • Quand j'aperçois ton blond chef, couronné
    D'un laurier vert, faire un luth si bien plaindre
    Que tu pourrais à te suivre contraindre
    Arbres et rocs ; quand je te vois orné,

    Et, de vertus dix mille environné,
    Au chef d'honneur plus haut que nul atteindre,
    Et des plus hauts les louanges éteindre,
    Lors dit mon coeur en soi passionné :

    Tant de...

  • ... Quand mon esprit jadis sujet à ta colère
    Aux Champ Élysiens achèvera mes pleurs,
    Je verrai les amants qui de telle misère
    Goûtèrent tels repos après de tels malheurs,
    Tes semblables aussi que leur sentence même
    Punit incessamment en Enfer creux et blême,

    A quiconques aura telle dame servie
    Avec tant de rigueur et de fidélité,
    J'égalerai ma...

  • Quand du sort inhumain les tenailles flambantes
    Du milieu de mon corps tirent cruellement
    Mon coeur qui bat encor' et pousse obstinément,
    Abandonnant le corps, ses plaintes impuissantes,

    Que je sens de douleurs, de peines violentes !
    Mon corps demeure sec, abattu de tourment
    Et le coeur qu'on m'arrache est de mon sentiment,
    Ces parts meurent en moi...

  • Si quand il faut tirer le rideau de la vie
    Le cors au departir sent une telle mort,
    Que je sens en partant de vous ma douce vie,
    Dont la main tient la clef de ma vie et ma mort :

    A bon droit un chacun brigue l'heur de la vie,
    Tousjours se derobant des griffes de la mort
    Mais l'espoir du retour me fait tourner en vie,
    En pensant au depart je me parts...

  • Quand ton nom je veux faire aux effets rencontrer
    De la soeur de Phébus, qui chaste, et chasseresse
    Est tant au ciel qu'en terre, et aux enfers Déesse,
    Elle fort dissemblable à toi se vient montrer.

    Diane les chiens mène, et aux pans fait entrer
    Ses cerfs : tu peux mener les grands héros en laisse,
    Ains les prendre en tes rets ; son arc le seul corps...

  • Quand je veux mesurer votre auguste hautesse
    A l'état abaissé de mon coeur langoureux,
    Je me plains de l'amour, ce tyran rigoureux,
    Qui par si haut objet abusa ma jeunesse,

    D'autant que le penser qui m'élève sans cesse
    Presque ne peut atteindre à cet astre amoureux,
    Tant que hors d'espérance, il me faut, malheureux,
    Redoutant le destin maudir' la...