• La chambre est ouverte au ciel bleu-turquin ;
    Pas de place : des coffrets et des huches !
    Dehors le mur est plein d'aristoloches
    Où vibrent les gencives des lutins.

    Que ce sont bien intrigues de génies
    Cette dépense et ces désordres vains !
    C'est la fée africaine qui fournit
    La mûre, et les résilles dans les coins.

    Plusieurs entrent,...

  • C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
    Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
    Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
    Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;

    Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries,
    De linges odorants et jaunes, de chiffons
    De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,
    De fichus...

  • L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose
    Avec des coussins bleus.
    Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
    Dans chaque coin moelleux.

    Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace,
    Grimacer les ombres des soirs,
    Ces monstruosités hargneuses, populace
    De démons noirs et de loups noirs.

    Puis tu te sentiras la joue égratignée...

  • A quatre heures du matin, l'été,
    Le sommeil d'amour dure encore.
    Sous les bosquets l'aube évapore
    L'odeur du soir fêté.

    Mais là-bas dans l'immense chantier
    Vers le soleil des Hespérides,
    En bras de chemise, les charpentiers
    Déjà s'agitent.

    Dans leur désert de mousse, tranquilles,
    Ils préparent les lambris précieux
    Où la richesse de...

  • Tisonnant, tisonnant son coeur amoureux sous
    Sa chaste robe noire, heureux, la main gantée,
    Un jour qu'il s'en allait, effroyablement doux,
    Jaune, bavant la foi de sa bouche édentée,

    Un jour qu'il s'en allait, " Oremus ", - un Méchant
    Le prit rudement par son oreille benoîte
    Et lui jeta des mots affreux, en arrachant
    Sa chaste robe noire autour de sa...

  • Ceux qui disent : Cré Nom, ceux qui disent macache,
    Soldats, marins, débris d'Empire, retraités,
    Sont nuls, très nuls, devant les Soldats des Traités
    Qui tailladent l'azur frontière à grands coups d'hache.

    Pipe aux dents, lame en main, profonds, pas embêtés,
    Quand l'ombre bave aux bois comme un mufle de vache,
    Ils s'en vont, amenant leurs dogues à l'attache...

  • L'homme pâle, le long des pelouses fleuries,
    Chemine, en habit noir, et le cigare aux dents :
    L'Homme pâle repense aux fleurs des Tuileries
    - Et parfois son oeil terne a des regards ardents...

    Car l'Empereur est soûl de ses vingt ans d'orgie !
    Il s'était dit : " Je vais souffler la liberté
    Bien délicatement, ainsi qu'une bougie ! "
    La liberté revit ! Il...

  • Aux branches claires des tilleuls
    Meurt un maladif hallali.
    Mais des chansons spirituelles
    Voltigent parmi les groseilles.
    Que notre sang rie en nos veines,
    Voici s'enchevêtrer les vignes.
    Le ciel est joli comme un ange.
    L'azur et l'onde communient.
    Je sors. Si un rayon me blesse
    Je succomberai sur la mousse.

    Qu'on patiente et qu'on s'...

  • Dans la salle à manger brune, que parfumait
    Une odeur de vernis et de fruits, à mon aise
    Je ramassais un plat de je ne sais quel met
    Belge, et je m'épatais dans mon immense chaise.

    En mangeant, j'écoutais l'horloge, - heureux et coi.
    La cuisine s'ouvrit avec une bouffée,
    - Et la servante vint, je ne sais pas pourquoi,
    Fichu moitié défait, malinement...

  • Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.
    Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
    Assez connu. Les arrêts de la vie. - Ô Rumeurs et Visions !
    Départ dans l'affection et le bruit neufs !