Cette lumière peut-elle
tout un monde nous rendre ?
Est-ce plutôt la nouvelle
ombre, tremblante et tendre,
qui nous rattache à lui ?
Elle qui tant nous ressemble
et qui tourne et tremble
autour d'un étrange appui.
Ombres des feuilles frêles,
sur le chemin et le pré,
geste soudain familier
qui nous adopte et nous mêle
à la...
-
-
J'ai choisi cette rose au fond d'un vieux panier
Que portait par la rue une marchande rousse ;
Ses pétales sont beaux du premier au dernier,
Sa pourpre vigoureuse en même temps est douce
Vraiment d'une autre rose elle diffère moins
Que la lanterne fait d'une vessie enflée :
A ne s'y pas tromper qu'un sot mette ses soins,
Mais la perfection est chose... -
Cette source de mort, cette homicide peste,
Ce péché, dont l'enfer a le monde infecté,
M'a laissé, pour tout être, un bruit d'avoir été,
Et je suis de moi-même une image funeste.
L'auteur de l'univers, le monarque céleste,
S'était rendu visible en ma seule beauté
Ce vieux titre d'honneur qu'autrefois j'ai porté,
Et que je porte encore, est tout ce... -
Cinq ou six fois cette nuict en dormant,
Je vous ay veuë en un accoustrement,
Aupres duquel rien ne me sçauroit plaire,
La jupe estoit d'une opale tres-claire,
Et vostre robe estoit un diamant.
Rien n'est si beau dessous le firmament,
L'Astre du jour brille moins clairement,
Et vous passiez sa lumiere ordinaire
Cinq ou six fois.
... -
Tu arbores parfois cette grâce bénigne
Du matinal jardin tranquille et sinueux
Qui déroule, là-bas, parmi les lointains bleus,
Ses doux chemins courbés en cols de cygne.
Et, d'autres fois, tu m'es le frisson clair
Du vent rapide et exaltant
Qui passe, avec ses doigts d'éclair,
Dans les crins d'eau de l'étang blanc.
Au bon toucher de tes... -
Fuyons, Dilliers, fuyons cette cruelle terre,
Fuyons ce bord avare et ce peuple inhumain,
Que des dieux irrités la vengeresse main
Ne nous accable encor sous un même tonnerre.
Mars est désenchaîné, le temple de la guerre
Est ouvert à ce coup, le grand prêtre romain
Veut foudroyer là-bas l'hérétique Germain
Et l'Espagnol marran, ennemis de saint Pierre... -
Que dirons-nous, Melin, de cette cour romaine,
Où nous voyons chacun divers chemins tenir,
Et aux plus hauts honneurs les moindres parvenir,
Par vice, par vertu, par travail, et sans peine ?
L'un fait pour s'avancer une dépense vaine,
L'autre par ce moyen se voit grand devenir,
L'un par sévérité se sait entretenir,
L'autre gagne les coeurs par sa... -
Je n'ai jamais pensé que cette voûte ronde
Couvrît rien de constant : mais je veux désormais,
Je veux, mon cher Morel, croire plus que jamais
Que dessous ce grand Tout rien ferme ne se fonde,
Puisque celui qui fut de la terre et de l'onde
Le tonnerre et l'effroi, las de porter le faix,
Veut d'un cloître borner la grandeur de ses faits,
Et pour... -
Quand cette belle fleur premièrement je vis,
Qui notre âge de fer de ses vertus redore,
Bien que sa grand' valeur je ne connusse encore,
Si fus-je en la voyant de merveille ravi.
Depuis, ayant le cours de fortune suivi,
Où le Tibre tortu de jaune se colore,
Et voyant ces grands dieux, que l'ignorance adore,
Ignorants, vicieux et méchants à l'envi...
- « first
- ‹ previous
- 1
- 2
- 3