• Ta pâle chevelure ondoie
    Parmi les parfums de ta peau
    Comme folâtre un blanc drapeau
    Dont la soie au soleil blondoie.

    Las de battre dans les sanglots
    L'air d'un tambour que l'eau défonce,
    Mon coeur à son passé renonce
    Et, déroulant ta tresse en flots,

    Marche à l'assaut, monte, - ou roule ivre
    Par des marais de sang, afin
    De planter...

  • O si chère de loin et proche et blanche, si
    Délicieusement toi, Mary, que je songe
    À quelque baume rare émané par mensonge
    Sur aucun bouquetier de cristal obscurci

    Le sais-tu, oui ! pour moi voici des ans, voici
    Toujours que ton sourire éblouissant prolonge
    La même rose avec son bel été qui plonge
    Dans autrefois et puis dans le futur aussi....

  • Minuit au vieux beffroi : l'ombre dort, et la lune
    Se joue en l'aile noire et morne dont la nuit,
    Sombre corbeau, nous voile. Au ciel l'étoile fuit.
    - Mille voix du plaisir voltigent à moi : l'une

    M'apporte ris, baisers, chants de délire : suit
    Une fanfare où Strauss fait tournoyer la brune
    Au pied leste, au sein nu, que sa jupe importune.
    - Tes masques...

  • Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,
    Un automne jonché de taches de rousseur,
    Et vers le ciel errant de ton oeil angélique
    Monte, comme dans un jardin mélancolique,
    Fidèle, un blanc jet d'eau soupire vers l'Azur !
    - Vers l'Azur attendri d'Octobre pâle et pur
    Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
    Et laisse, sur l'eau morte où la fauve...

  • Mes bouquins refermés sur le nom de Paphos,
    Il m'amuse d'élire avec le seul génie
    Une ruine, par mille écumes bénie
    Sous l'hyacinthe, au loin, de ses jours triomphaux.

    Coure le froid avec ses silences de faux,
    Je n'y hululerai pas de vide nénie
    Si ce très blanc ébat au ras du sol dénie
    A tout site l'honneur du paysage faux.

    Ma faim...

  • C'est en héros effarouché
    S'il a du talon nu touché
    Quelque gazon de territoire

    A des glaciers attentatoire
    Je ne sais le naïf péché
    Que tu n'auras pas empêché
    De rire très haut sa victoire

    Dis si je ne suis pas joyeux
    Tonnerre et rubis aux moyeux
    De voir en l'air que ce feu troue

    Avec des royaumes épars
    Comme mourir...

  • I

    Quelconque une solitude
    Sans le cygne ni le quai
    Mire sa désuétude
    Au regard que j'abdiquai

    Ici de la gloriole
    Haute à ne la pas toucher
    Dont maint ciel se bariole
    Avec les ors de coucher

    Mais langoureusement longe
    Comme de blanc linge ôté
    Tel fugace oiseau si plonge
    Exultatrice à côté

    Dans l'onde toi...

  • Une dentelle s'abolit
    Dans le doute du Jeu suprême
    A n'entrouvrir comme un blasphème
    Qu'absence éternelle de lit.

    Cet unanime blanc conflit
    D'une guirlande avec la même,
    Enfui contre la vitre blême
    Flotte plus qu'il n'ensevelit.

    Mais chez qui du rêve se dore
    Tristement dort une mandore
    Au creux néant musicien

    Telle que...

  • Ses purs ongles très-haut dédiant leur onyx,
    L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
    Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
    Que ne recueille pas de cinéraire amphore

    Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
    Aboli bibelot d'inanité sonore,
    (Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
    Avec ce seul objet dont le Néant s'honore.)
    ...

  • La chevelure vol d'une flamme à l'extrême
    Occident de désirs pour la tout éployer
    Se pose (je dirais mourir un diadème)
    Vers le front couronné son ancien foyer

    Mais sans or soupirer que cette vive nue
    L'ignition du feu toujours intérieur
    Originellement la seule continue
    Dans le joyau de l'oeil véridique ou rieur

    Une nudité de héros tendre...