• Des avalanches d’or du vieil azur, au jour
    Premier, et de la neige éternelle des astres
    Jadis tu détachas les grands calices pour
    La terre jeune encore et vierge de désastres,

    Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin,
    Et ce divin laurier des âmes exilées
    Vermeil comme le pur orteil du séraphin
    Que rougit la pudeur des aurores foulées,

    L’...

  • LE FAVNE

    Ces nymphes, je les veux perpétuer.

    Ces nymphes, je les veux perpétuer. Si clair,
    Leur incarnat léger, qu’il voltige dans l’air
    Assoupi de sommeils touffus.

    ...

  • De l’éternel Azur la sereine ironie
    Accable, belle indolemment comme les fleurs,
    Le poëte impuissant qui maudit son génie
    À travers un désert stérile de Douleurs.

    Fuyant, les yeux fermés, je la sens qui regarde
    Avec l’intensité d’un remords atterrant
    Mon âme vide. Où fuir ? et quelle nuit hagarde
    Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant ?

    ...

  • Hyperbole ! de ma mémoire
    Triomphalement ne sais-tu
    Te lever, aujourd’hui grimoire
    Dans un livre de fer vêtu :

    Car j’installe, par la science,
    L’hymne des cœurs spirituels
    En l’œuvre de ma patience,
    Atlas, herbiers et rituels.

    Nous promenions notre visage
    (Nous fûmes deux, je le maintiens)
    Sur maints charmes de paysage,
    Ô sœur...

  • Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur,
    Un automne jonché de taches de rousseur,
    Et vers le ciel errant de ton œil angélique,
    Monte, comme dans un jardin mélancolique,
    Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur !
    — Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur
    Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
    Et laisse, sur l’eau morte où la fauve...

  • Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
    En l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
    Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,
    Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

    De ce blanc Flamboiement l’immuable accalmie
    T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux,
    « Nous ne serons jamais une seule momie
    Sous l’antique désert et les...

  • Mes bouquins refermés sur le nom de Paphos,
    Il m’amuse d’élire avec le seul génie
    Une ruine, par mille écumes bénie
    Sous l’hyacinthe, au loin, de ses jours triomphaux.

    Coure le froid avec ses silences de faulx,
    Je n’y hululerai pas de vide nénie
    Si ce très vierge ébat au ras du sol dénie
    À tout site l’honneur du paysage faux.

    Ma faim qui d’...

  • M’introduire dans ton histoire
    C’est en héros effarouché
    S’il a du talent nu touché
    Quelque gazon de territoire

    À des glaciers attentatoire
    Je ne sais le naïf péché
    Que tu n’auras pas empêché
    De rire très haut sa victoire

    Dis si je ne suis pas joyeux
    Tonnerre et rubis aux moyeux
    De voir en l’air que ce feu troue

    Avec des...

  • Quelle soie aux baumes de temps
    Où la Chimère s’exténue
    Vaut la torse et native nue
    Que, hors de ton miroir, tu tends !

    Les trous de drapeaux méditants
    S’exaltent dans notre avenue :
    Moi, j’ai ta chevelure nue
    Pour enfouir mes yeux contents.

    Non ! la bouche ne sera sûre
    De rien goûter à sa morsure
    S’il ne fait, ton princier amant...

  • Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
    L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
    Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
    Que ne recueille pas de cinéraire amphore

    Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
    Aboli bibelot d’inanité sonore
    (Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
    Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.)

    ...