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    Pendant que nous faisions la guerre,
    Le soleil a fait le printemps :
    Des fleurs s’élèvent où naguère
    S’entre-tuaient les combattants.

    Malgré les morts qu’elles recouvrent,
    Malgré cet effroyable engrais,
    Voici leurs calices qui s’ouvrent,
    Comme l’an dernier, purs et frais.

    Comment a bleui la pervenche,
    Comment le lis renaît-il...

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    Ô poète insensé, tu pends un fil de lyre
                  À tout ce que tu vois,
    Et tu dis : « Penchez-vous, écoutez, tout respire ! »
                  Hélas ! non, c’est ta voix.

    Les fleurs n’ont pas d’haleine ; un souffle errant qui passe
                  Emporte leurs senteurs,
    Et jamais ce soupir n’a demandé leur grâce
                  Aux hivers...

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    I

    La Rose dit un jour en pleurant : « Je m’ennuie !
    Mon beau temps est fini. L’homme a fait l’air impur,
    L’haleine des cités me dérobe l’azur
    Et le zéphyr m’apporte une âcre odeur de suie.

    « Plus de claires villas dans l’air libre, en pleins champs
    Partout des murs, partout de la pierre et de l’ombre,
    Partout un pavé dur qu’à flots pressés...