• Depuis qu’au joug de fer blanche esclave enchaînée,
    La Grèce avait fini sa belle destinée
    Et qu’un dernier soupir, un souffle harmonieux
    Avait mêlé son ombre aux ombres de ses dieux,

    Le César, dévoré d’une soif éternelle,
    Tarissait le lait pur de l’antique Cybèle.
    Pâle, la main sanglante et le cœur plein d’ennuis,
    D’une vague terreur troublant ses...

  •  
    Non, le fatal ennui qui nous pousse au blasphème
    Ne sera pas vainqueur !
    Pour échapper au monde et pour me fuir moi-même,
    J’ai des ailes au cœur.

    Je conserve immortels l’amour de la nature,
    Votre amour, ô mon Dieu !
    Ce double asile, ouvert aux peines que j’endure,
    Me reçoit en tout lieu.

    L'homme sur votre nom, que l’univers atteste,...

  •  
    Un soir, — ce souvenir me donne le frisson, —
    Un ami m’a conduit dans la triste maison
    Qui recueille, à Paris, les femmes sans asile.
    La porte est grande ouverte et l’accès est facile.
    Disant un nom, montrant quelque papier qu’elle a,
    Toute errante de nuit peut venir frapper là.
    On l’interrogera seulement pour la forme.
    Sa soupe est chaude ; un...

  • Soigné par un malin, le vieux ayant pour tic
    De balayer son nez du revers de sa manche
    Bâfrait, buvait, montrant par plus d’un pronostic,
    Qu’il achèverait saoul le saint jour du dimanche.

    Il avait nettoyé tous les plats ric à ric.
    Le pain sec y passait, les os après les tranches.
    Ah ! voilà la salade enfin, dit le loustic :
    « Comment l’aimez-vous...

  •  

    AH ! ce besoin d’aimer, cette ardeur infinie,
    Ce grand rêve fervent de bonheur immortel,
    C’est lui qui dans nos cœurs suscite une harmonie
    Et nous donne l’espoir consolateur du ciel !

    C’est lui qui chante en nous d’une voix souveraine,
    Qui soutient notre vie au long des jours mauvais ;
    C’est ce mystérieux désir qui nous entraîne
    Et répète :...

  •  
    I

    Vagues immensités des sombres océans,
    Que laboure sans fin la houle impétueuse,
    Abîmes insondés, gouffres noirs et béants
    Qu’illumine d’éclairs la foudre tortueuse ;

    O forêts, qui penchez vos sapins éperdus
    Sur les torrents fangeux des vallons taciturnes,
    Montagnes de granit dont les rocs confondus
    Se heurtent au choc sourd des...

  • I

    Tu me dois ta photographie
    À la condition que je
    Serai bien sage — et tu t’y fies !

    Apprends, ma chère, que je veux
    Être, en échange de ce don
    Précieux, un libertin que

    L’on pardonne après sa fredaine
    Dernière en faveur d’un second
    Crime et peut-être d’un troisième.

    Cette image que tu me dois
    Et que je ne mérite pas,...

  •  
    À FEYEN PERRIN

    CELLE qui tord au vent sa lourde chevelure
    Où le rouge soleil a laissé sa brûlure,
    Avant que de descendre aux gouffres de la mer,
    C’est Astarté, la fille implacable de l’onde,
    L’immortelle Beauté qui torture le monde,
    Dont la lèvre, en douleurs comme en plaisirs féconde
    A gardé pour nos pleurs le sel du flot amer...

  • Sur les Continents morts, les houles léthargiques
    Où le dernier frisson d’un monde a palpité
    S’enflent dans le silence et dans l’immensité ;
    Et le rouge Sahil, du fond des nuits tragiques,
    Seul flambe, et darde aux flots son œil ensanglanté....