•  

    À Mademoiselle Hjardemaal.

    Elle avait de beaux cheveux, blonds
    Comme une moisson d’août, si longs
    Qu’ils lui tombaient jusqu’aux talons.

    Elle avait une voix étrange,
    Musicale, de fée ou d’ange,
    Des yeux verts sous leur noire frange.

                                *

    Lui, ne craignait pas de rival,
    Quand il...

  • Archimede abusé pendant que tu t’abuse
    A peindre sur la poudre, & d’un baston d’airain
    Tracer un cercle rond, l’exercite Romain
    Surprent, sans y penser, ta chere Syracuse.

    Homme mal advisé, pendant que tu t’amuse
    A mille fols pensers, le trespas incertain
    Meurdre, peste, & fureur, te pendent sur le sein,
    Et la mort devant Dieu de vanité t’...

  •  
    Certes, l'art éternel, la parole infinie,
    Pousse par intervalle un sanglot d'agonie.
    Comme Jésus, saisi d'un sublime remord,
    Défaillant, il se trouble en face de la mort ;
    Et seuls, sur la montagne où l'Esprit les oublie,
    Les Dieux sont abreuvés d'amertume et de lie.
    Le cri du désespoir sort de leurs cœurs blesses :
    O mon père ! pourquoi nous...

  •  
    STROPHE I.

    Les pins, ô Pélion, descendent sur ta pente ;
    Un dieu les pousse vers les flots.
    Le vaisseau dont Argus a taillé la charpente
    Berce enfin tous ses matelots ;
    Ils chantent, pleins d'ardeur, sur la poupe embellie
    De trépieds et de rameaux verts,
    Et coupent hardiment le câble qui les lie
    Aux rochers du vieil univers.
    Des...

  •  

    Victime au cœur blessé par les flèches d’Éros,
    Lorsque tu fatiguais les échos de Naxos
    Du bruit de tes sanglots, douloureuse Ariane,
    Pâle, le front caché dans ta main diaphane,
    Que le jour traversait de ses roses rayons,
    Savais-tu, savais-tu que, vainqueur des lions,
    Couché sur l’éclatante échine des panthères,
    Iacchus, qui préside aux...

  • Tandis qu’au loin, là-bas, autour des blancs moulins.

    Jeunes et vieux, garçons et filles,
    Soit par groupe, soit par familles,
    Sarclent un champ de lin,
    Et que les blés montent et montent,
    D’une poussée égale et prompte,
    Les villages soudain prennent un air guerrier :
    On fourbit avec hâte ; on lustre avec angoisse ;...

  • Tandis que la nuit froide étage sa terrasse
    Par au-delà des bruyères et des forêts,
    Le soir qui meurt, le soir ! jette sur les marais,
    L’éclair de son épée et l’or de son armure,

    Qui vont flottant au flot le flot, flottants et vains,
    À peine encor frôlés par la splendeur diurne,
    Mais lentement baisés, par la lèvre nocturne
    De la lune pieuse et douce,...

  • Arp

     

    ARP

    De la place de l’Opéra nous le voyons le jour comme la nuit
    se détacher sur le ciel

    ARP

    c’est à lui que nous devons les soixante formations de crânes
    depuis la tache de brouillard jusqu’à la tache de couleur
    c’est lui qui occupe 3.000 zymosimètres par jour
    la...

  • Arrivant au logis pour un petit quart d’heure
    Que le passant y doit seulement sejourner,
    Il ne s’adonne point à rompre et retourner,
    Demolir ou bastir le lieu de sa demeure;

    Estranger vagabond sur la terre peu seure,
    Ne travailles point tant à briguer et vener
    Ces honneurs que tu dois bien tost abandonner,
    Que vivre en tel estat qu’heureusement tu...

  •  
    Oh ! Les mornes chevaux, comme ils allaient, farouches !
    Nul souffle ne sortait de leurs fatales bouches,
    Nul regard n’étoilait la noirceur de leurs yeux.
    À mesure que, froids, sourds et silencieux,
    Ils entraient plus avant dans la grande nuit triste,
    L’infini, qui, muet, aux prodiges assiste,
    Épaississait la brume au fond de l’horizon ;
    Et les...