Autant comme l'on peut en un autre langage
Une langue exprimer, autant que la nature
Par l'art se peut montrer, et que par la peinture
On peut tirer au vif un naturel visage :
Autant exprimes-tu, et encor davantage,
Avecques le pinceau de ta docte écriture,
La grâce, la façon, le port et la stature
De celui qui d'Énée a décrit le voyage.
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Le grand flambeau gouverneur de l'année,
Par la vertu de l'enflammée corne
Du blanc thaureau, prez, montz, rivaiges orne
De mainte fleur du sang des princes née.
Puis de son char la rouë estant tournée
Vers le cartier prochain du Capricorne,
Froid est le vent, la saison nue et morne,
Et toute fleur devient seiche et fanée.
Ainsi, alors... -
Ny par les bois les Driades courantes,
Ny par les champs les fiers scadrons armez,
Ny par les flotz les grands vaisseaux ramez,
Ny sur les fleurs les abeilles errantes,
Ny des forestz les tresses verdoyantes,
Nv des oiseaux les corps bien emplumez,
Ny de la nuit les flambeaux allumez,
Ny des rochers des traces ondoyantes,
Ny les... -
Celle qui de son chef les étoiles passait,
Et d'un pied sur Thétis, l'autre dessous l'Aurore,
D'une main sur le Scythe, et l'autre sur le More,
De la terre et du ciel la rondeur compassait :
Jupiter ayant peur, si plus elle croissait,
Que l'orgueil des Géants se relevât encore,
L'accabla sous ces monts, ces sept monts qui sont ore
Tombeaux de la... -
Veux-tu savoir, Duthier, quelle chose c'est Rome ?
Rome est de tout le monde un publique échafaud,
Une scène, un théâtre, auquel rien ne défaut
De ce qui peut tomber ès actions de l'homme.
Ici se voit le jeu de la fortune, et comme
Sa main nous fait tourner ores bas, ores haut
Ici chacun se montre, et ne peut, tant soit caut*,
Faire que tel qu'il... -
Celle que Pyrrhe et le Mars de Libye
N'ont su dompter, cette brave cité
Qui d'un courage au mal exercité
Soutint le choc de la commune envie,
Tant que sa nef par tant d'ondes ravie
Eut contre soi tout le monde incité,
On n'a point vu le roc d'adversité
Rompre sa course heureusement suivie :
Mais défaillant l'objet de sa vertu,
Son... -
La terre y est fertile, amples les édifices,
Les poêles bigarrés, et les chambres de bois,
La police immuable, immuables les lois,
Et le peuple ennemi de forfaits et de vices.
Ils boivent nuit et jour en Bretons et Suisses,
Ils sont gras et refaits, et mangent plus que trois
Voilà les compagnons et correcteurs des rois,
Que le bon Rabelais a... -
Si mes écrits, Ronsard, sont semés de ton los,
Et si le mien encor tu ne dédaignes dire,
D'être enclos en mes vers ton honneur ne désire,
Et par là je ne cherche en tes vers être enclos.
Laissons donc, je te prie, laissons causer ces sots,
Et ces petits galants, qui, ne sachant que dire,
Disent, voyant Ronsard et Bellay s'entr'écrire,
Que ce sont... -
Sire, celui qui est a formé toute essence
De ce qui n'était rien. C'est l'oeuvre du Seigneur :
Aussi tout honneur doit fléchir à son honneur,
Et tout autre pouvoir céder à sa puissance.
On voit beaucoup de rois, qui sont grands d'apparence :
Mais nul, tant soit-il grand, n'aura jamais tant d'heur
De pouvoir à la vôtre égaler sa grandeur :
Car rien n... -
Et puis je vis l'arbre dodonien
Sur sept coteaux épandre son ombrage,
Et les vainqueurs ornés de son feuillage
Dessus le bord du fleuve ausonien.
Là fut dressé maint trophée ancien,
Mainte dépouille, et maint beau témoignage
De la grandeur de ce brave lignage
Qui descendit du sang dardanien.
J'étais ravi de voir chose si rare,
Quand de...