Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse,
Au Pausilippe altier, de mille feux brillant,
À ton front inondé des clartés de l'Orient,
Aux raisins noirs mêlés avec l'or de ta tresse.
C'est dans ta coupe aussi que j'avais bu l'ivresse,
Et dans l'éclair furtif de ton oeil souriant,
Quand aux pieds d'lacchus on me voyait priant,
Car la Muse m'a fait l'un...
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Au pied du mur je me voy sans eschelle,
Plus je ne sçay de quel boys faire fleches,
Faulte d'Argent m'en donne les empesches,
Triste j'en suis, jà ne fault que le celle.
Durant ce temps mon corps d'ennuy chancelle,
Mes joues sont mesgres, palles et sèches,
Au pied du mur.
Si ayde n'ay du bon Dieu et de celle
Devant lesquelz a deulx... -
Or qui m'aimera, si me suive,
Je suis Bon Temps, vous le voyez ;
En mon banquet nul n'y arrive
Pourvu qu'il se fume ou étrive,
Ou ait ses esprits fourvoyés.
Gens sans amour, gens dévoyés
Je ne veux ni ne les appelle,
Mais qu'ils soient jetés à la pelle.
Je ne semons en mon convive
Que tous bons rustres avoyés ;
Moi, mes supports,... -
Rondeau
Cessez, cessez, gendarmes et piétons,
De pilloter* et manger le bon homme
Qui de longtemps Jacqu' Bon-Homme se nomme,
Duquel blés, vins, et vivres achetons.
D'autant que nous et lui vous souhaitons
La corde au col, et que mort vous assomme,
Cessez, cessez, gendarmes et piétons,
De pilloter et manger le bon homme.
... -
Durant ce temps de moissons et vandanges
Pratique n'est en ma bourse esprouvée ;
Qu'il soit ainsi la raison est prouvée,
Par ce que point ne me vient bon vent d'anges.
Vin en vaisseaulx, en cave, ne vidanges
A vendre n'ay, Povreté m'a couvée
Durant ce temps.
Blé en garnier ne gerbes n'ay en granges,
Richesse en moy ne fut onc approuvée... -
Par ce temps cher mon corps est consumé,
J'ai peu mangé, encore moins humé ;
Et si je suis d'être en ce monde las
La cause y est ; faim me tient en ses lacs ;
Souvent à Dieu l'ai dit et résumé.
Que l'on ait vu mon foyer enfumé
De gros tisons, serait mal présumé,
Je ne fais feu que de vieils échalas
Par ce temps cher.
Quand dîner... -
Considérant le cours de vie humaine,
Mon simple état, train tel que et domaine,
Qu'il n'est besoin le mettre en inventaire,
N'enregistrer, mais trop mieux de le taire,
Certain je suis que des biens terriens
Après la mort n'emporte en terre rien
Le riche et plain, soit-il gras ou mesgret,
Fors un linceul. Posé qu'il soit esgret*
Passer le pas, où... -
Par accident je suis prins de froidure,
Et maulgré moy il convient que j'endure,
Faulte d'Argent me contrainct de ce faire ;
Parquoy je voy que j'auray de l'affaire
Se ce temps cy trop longuement m'y dure.
Necessité, plaine de grand laidure,
Dessus mon corps a gecté son ordure,
Pour me tollir la vie et me deffaire,
Par accident.
... -
D'ung tel ennuy que je souffre et endure,
Femme, fleur, fruyt, ne plaisante verdure,
Ne me sçauraient nullement resjouyr ;
Faulte d'Argent me faict esvanouyr ;
Jà long temps a que ce malheur me dure.
Bource sans croix n'est que toute froidure,
Mon corps en est, de dueil, plain de laidure,
Et faict mon cueur et mes yeux esblouyr,
D'ung tel... -
En la forest de Longue Attente
Mon povre cuer tant se garmente
D'en saillir par aucune voye
Qu'il ne lui semble pas qu'il voye
Jamais la fin de son entente.
Desconfort le tient en sa tente
Qui par telle façon le tente
Que j'ay paour qu'il ne se forvoye
En la forest de Longue Attente.
Espoir en riens ne le contente
Comme il...