• Ô Toy qui as et pour mere et pour pere,
    De Jupiter le sainct chef, et qui fais
    Quand il te plaist, et la guerre et la paix,
    Si je suis tien, si seul je te revere,

    Et si pour toy je depite la mere
    Du faux Amour, qui de feux, et de traits
    De paix, de guerre, et rigueurs, et attraits
    Tachoit plonger ton Poëte en misere,

    Viens, viens ici, si...

  • Encor que toi, Diane, à Diane tu sois
    Pareille en traits, en grâce, en majesté céleste,
    En coeur, et haut, et chaste, et presqu'en tout le reste
    Fors qu'en l'austérité des virginales lois,

    La riche et rare fleur, qu'en tout ton corps tu vois,
    Ton enbonpoint, ta grâce, et ta vigueur atteste,
    Que puis qu'un autre hymen a dénoué ton ceste
    Virginal, en...

  • Par quel sort, par quel art, pourrois-je à ton coeur rendre
    Au moins s'il peut vers moy s'engourdir de froideur,
    Ceste vive, gentille, et vertueuse ardeur
    Qui vint pour moy soudain, de soy-mesme s'éprendre.

    Et quoy ? la pourrois tu comme au paravant prendre
    Pour fatale rencontre, et parlant en rondeur
    D'esprit, comme je croy, la juger pour grand heur,...

  • Quand ton nom je veux faire aux effets rencontrer
    De la soeur de Phébus, qui chaste, et chasseresse
    Est tant au ciel qu'en terre, et aux enfers Déesse,
    Elle fort dissemblable à toi se vient montrer.

    Diane les chiens mène, et aux pans fait entrer
    Ses cerfs : tu peux mener les grands héros en laisse,
    Ains les prendre en tes rets ; son arc le seul corps...

  • Des trois sortes d'aimer la première exprimée
    En ceci c'est l'instinct, qui peut le plus mouvoir
    L'homme envers l'homme, alors que d'un hautain devoir
    La propre vie est moins qu'une autre vie aimée.

    L'autre moindre, et plus fort toutefois enflammée,
    C'est l'amour que peut plus l'homme à la femme avoir.
    La tierce c'est la nôtre, ayant d'un tel pouvoir
    De...

  • Des astres, des forêts, et d'Achéron l'honneur,
    Diane au monde haut, moyen et bas préside,
    Et ses chevaux, ses chiens, ses Euménides guide,
    Pour éclairer, chasser, donner mort et horreur.

    Tel est le lustre grand, la chasse et la frayeur
    Qu'on sent sous ta beauté claire, prompte, homicide,
    Que le haut Jupiter, Phébus, et Pluton cuide
    Son foudre moins...

  • Ô traistres vers, trop traistres contre moy,
    Qui souffle en vous une immortelle vie,
    Vous m'apastez et croissez mon envie,
    Me déguisant tout ce que j'apperçoy.

    Je ne voy rien dedans elle pourquoy
    A l'aimer tant ma rage me convie :
    Mais nonobstant ma pauvre ame asservie
    Ne me la feint telle que je la voy.

    C'est donc par vous, c'est par vous...

  • Quel tourment, quelle ardeur, quelle horreur, quel orage
    Afflige, brûle, étonne et saccage mes sens ?
    Ah ! c'est pour ne pouvoir en l'ardeur que je sens
    Adorer ma déesse. Est-il plus grande rage ?

    Servir, parler et voir, dévot lui rendre hommage,
    Se brûler au brasier de ces flambeaux luisants,
    Pourrait anéantir tous mes travaux présents,
    Mais las !...

  • Combien de fois mes vers ont-ils doré
    Ces cheveux noirs dignes d'une Meduse ?
    Combien de fois ce teint noir qui m'amuse,
    Ay-je de lis et roses coloré ?

    Combien ce front de rides labouré
    Ay-je applani ? et quel a fait ma Muse
    Ce gros sourcil, où folle elle s'abuse,
    Ayant sur luy l'arc d'amour figuré?

    Quel ay-je fait son oeil se renfonçant...

  • En quelle nuit, de ma lance d'ivoire,
    Au mousse bout d'un corail rougissant,
    Pourrai-je ouvrir ce boutin languissant,
    En la saison de sa plus grande gloire ?

    Quand verserai-je, au bout de ma victoire,
    Dedans sa fleur le cristal blanchissant,
    Donnant couleur à son teint pâlissant,
    Sous le plaisir d'une longue mémoire ?

    Puisse elle tôt à bonne...