• Un des savants le plus ignare,
    Des ignares le plus savant,
    En tes vers, ami, trouva tare,
    Peut être de nuit, en rêvant.
    Homère fut repris souvent
    De l'envieux et sot Zoïle,
    Et plusieurs ont pincé Virgile
    Sans peur toutefois de méprendre
    Car qui n'écrit en aucun style
    C'est le seul qu'on n'ose reprendre.

  • Le parler facile et commun
    Semble à Chéril des moins honnêtes.
    Un sot et lui c'est bien tout un ;
    L'obscur ne sied point aux poètes,
    Mais aux sibylles et prophètes ;
    Qui pourra lire sans moquer
    Les vers dans les nues secrètes,
    Qu'OEdipe ne peut expliquer ?

  • Vu que tu es en ce pays venu,
    Gentil esprit, grandement je m'étonne,
    Que l'olivier qui ces champs environne
    N'ait pas le son de tes vers retenu.
    Comme le luth en la Thrace connu,
    Tira les rocs : si ta muse résonne,
    Elle ravit la région qui tonne,
    Et le grand faix par Atlas soutenu.
    Je tenais hier ton livre entre mes mains,
    0ù sont les arts...

  • [...] Regardez cette mine orgueilleuse et sauvage
    Le feu de la Colere éclate en son visage.
    Son Esprit en desir détaché de son corps,
    Donne un second combat aux Esprits de ces morts
    Il sent avec plaisir leur meurtre et la victoire :
    Il les égorge avecque la memoire :
    Et cherche dans leur sang, qui commence à pourrir,
    S'il n'est rien demeuré qui puisse...

  • Sous un climat étrange, où sept fois tous les jours
    La mer change d'assiette, et la vague de cours,
    Il se voit sur les eaux une île vagabonde
    Qui flotte sans arrêt au mouvement de l'onde,
    Comme un navire errant que le phare et le nord
    Auraient abandonné, loin de rade et de port.
    Sur ses bords jour et nuit des troupes de sirènes,
    Flatteuses de la voix...

  • (Lettre I)

    [...] Tous les soirs, le soleil éteint par les ténèbres
    Et comme enseveli sous de grands draps funèbres
    Remit tous les matins, aussi jeune, aussi beau
    Qu'il se fit voir aux yeux du monde encor nouveau ;
    La lune a tous les mois une pareille grâce,
    Sa jeunesse revient, sa vieillesse se passe ;
    Tous les ans le zéphyr ressuscite les fleurs,...

  • (Lettre IV)

    [...] L'Artifice à l'entrée avecque l'Imposture
    Loge dans un château d'étrange architecture.
    Là, de la cime au fondement,
    Tout porte à faux, tout se dément.
    En vain la face en est éclatante et pompeuse,
    Son éclat éblouit, et sa pompe est trompeuse.
    Partout le feint s'y voit, pour le vrai supposé ;
    Pierres, marbres, métaux, tout est...

  • (Lettre IX)

    [...] Dans une île branlante, et de sable mouvant,
    Qui suit le cours des flots, et roule au gré du vent,
    Il se voit un Palais, sans règle et sans mesure,
    Mais d'une extravagante et bizarre structure,
    Dont l'ouvrage subit, sans le secours de l'art,
    S'éleva de morceaux assemblés au hasard.

    On n'y consulta point le niveau ni l'...

  • (Lettre XI)

    [...] Sous l'étage de l'air est l'étage de l'onde,
    Ample et riche ornement de la scène du monde,
    Où du grand artisan la grandeur se fait voir
    Comme dans un mobile et liquide miroir,
    Qui, tantôt en repos, et tantôt en tourmente,
    Sa clémence et son ire aux humains représente.

    Qu'il est plaisant à voir, quand les flots aplanis
    ...

  • Elle coupe la tête à Holopherne


    Holopherne est couché, ce flambeau qui sommeille
    A mêlé sa lumière avec l'obscurité,
    Et Judith fait de l'ombre un voile à sa beauté,
    De peur qu'à son éclat, le barbare s'éveille.

    Le fer que tient en main cette chaste merveille
    Ajoute à son visage une fière clarté,
    Et pour la confirmer en cette extrémité...