Ô Faust, ta lampe blême expire de sommeil ;
La page où tu lis tourne au vent frais de l'aurore.
Lève le front, regarde... au chant du coq sonore
La face du seigneur monte dans le soleil !
Pendant qu'au pavé nu tu crispes ton orteil,
Vois, le monde tressaille, heureux d'un jour encore.
Ta vie est un serpent maudit qui se dévore.
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Les heures de la nuit sont lentes et funèbres.
Frère, ne trembles-tu jamais en écoutant,
Comme un bruit sourd de mer lointaine qu?on entend,
La respiration tragique des ténèbres ?
Les heures de la nuit sont filles de la peur ;
Leur souffle fait mourir l?âme humble des veilleuses,
Cependant que leurs mains froides et violeuses,
S?allongent sous les draps... -
Le soleil, par degrés, de la brume émergeant,
Dore la vieille tour et le haut des mâtures ;
Et, jetant son filet sur les vagues obscures,
Fait scintiller la mer dans ses mailles d?argent.
Voici surgir, touchés par un rayon lointain,
Des portiques de marbre et des architectures ;
Et le vent épicé fait rêver d?aventures
Dans la clarté limpide et fine du... -
Sous le premier péché courbant son front maudit,
Adam, sur qui pesait la main toute-puissante,
Avec Ève, à son bras défaite et languissante,
S?éloignait à pas lents du Jardin interdit.
Le jour allait finir ; à l?horizon livide
L?oeil rouge du soleil palpitait dans du sang.
Les ombres s?allongeaient dans le soir menaçant,
Et la terre était nue, et le... -
Dans le parc aux lointains voilés de brume, sous
Les grands arbres d?où tombe avec un bruit très doux
L?adieu des feuilles d?or parmi la solitude,
Sous le ciel pâlissant comme de lassitude,
Nous irons, si tu veux, jusqu?au soir, à pas lents,
Bercer l?été qui meurt dans nos coeurs indolents.
Nous marcherons parmi les muettes allées ;
Et cet amer parfum qu?ont... -
La nuit est bleue et chaude, et le calme infini...
Roulé dans son manteau, le front sur une pierre,
Joseph dort, le coeur pur, ayant fait sa prière ;
Et l?âne à ses côtés est comme un humble ami.
Entre les pieds du sphinx appuyée à demi,
La vierge, pâle et douce, a fermé la paupière ;
Et, dans l?ombre, une étrange et suave lumière
Sort du petit Jésus... -
Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme,
Où dans l'air énervé flotte du repentir,
Où sur la vague lente et lourde d'un soupir
Le coeur le plus secret aux lèvres vient mourir.
Il est d'étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Et, ces soirs-là, je vais tendre comme une femme.
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Où l'âme a des... -
L?amour, dont l?autre nom sur terre est la douleur,
De ton sein fit jaillir une source écumante,
Et ta voix était triste et ton âme charmante,
Et de toi la pitié divine eût fait sa soeur.
Ivresse ou désespoir, enthousiasme ou langueur,
Tu jetais tes cris d?or à travers la tourmente ;
Et les vers qui brûlaient sur ta bouche d?amante
Formaient leur rythme... -
Sa robe était de tulle avec des roses pâles,
Et rose pâle était sa lèvre, et ses yeux froids,
Froids et bleus comme l'eau qui rêve au fond des bois.
La mer Tyrrhénienne aux langueurs amicales.
Berçait sa vie éparse en suaves pétales.
Très douce elle mourait, ses petits pieds en croix ;
Et, quand elle chantait, le cristal de sa voix
Faisait saigner au... -
Je n?ai songé qu?à toi, ma Belle, l?autre soir.
Quelque chose flottait de tendre dans l?air noir,
Qui faisait vaguement fondre l?âme trop pleine.
Je marchais, on eût dit, baigné dans ton haleine.
Les souffles qui passaient semblaient rouler dans l?air
Un souvenir obscur et tiède de ta chair.
J?aurais voulu t?avoir près de moi, caressante,
Appuyée à mon bras...