• Coupez le myrte blanc aux bocages d'Athènes,
    A Nîmes le jasmin ;
    A Lille et dans Paris, que les roses hautaines
    Tombent sous votre main,

    Aux Martigues d'azur allez cueillir encore
    La flore des étangs,
    Pour former la couronne, amis, qui me décore
    Et me garde du temps.

  • Autrefois je tirais de mes flûtes légères
    Des fredons variés qui plaisaient aux bergères
    Et rendaient attentifs celui qui dans la mer
    Jette ses lourds filets et celui qui en l'air
    Dresse un piège invisible et ceux qui d'aiguillons
    Poussent parmi les champs les boeufs creuse-sillons.
    Priape même, alors, sur le seuil d'un verger,
    En bois dur figuré, semblait m'...

  • Je ne regrette rien, ni des lauriers superbes
    L'honneur qui m'était dû,
    Ni cet heureux plaisir, fait de fruits et de gerbes,
    Comme un vin répandu :

    Je vois dans tout ce deuil, dans la Parque sinistre
    De mes plus chers amis,
    Que le ciel a bien su tenir à son ministre
    Ce qu'il avait promis.

  • Ses mains qu'elle tend comme pour des théurgies,
    Ses deux mains pâles, ses mains aux bagues barbares ;
    Et toi son cou qui pour la fête tu te pares !
    Ses lèvres rouges à la clarté des bougies ;

    Et ses cheveux, et ses prunelles élargies
    Lourdes de torpeur comme l'air autour des mares ;
    Parmi les bêtes fabuleuses des simarres,
    Vous ses maigreurs, vous mes...

  • Hier j'ai rencontré dans un sentier du bois
    Où j'aime de ma peine à rêver quelquefois,
    Trois satyres amis ; l'un une outre portait
    Et pourtant sautelait, le second secouait
    Un bâton d'olivier, contrefaisant Hercule.
    Sur les arbres dénus, car Automne leur chef
    A terre a répandu, tombait le crépuscule.
    Le troisième satyre, assis sur un coupeau,
    De...

  • Eau printanière, pluie harmonieuse et douce
    Autant qu'une rigole à travers le verger
    Et plus que l'arrosoir balancé sur la mousse,
    Comme tu prends mon coeur dans ton réseau léger !

    A ma fenêtre, ou bien sous le hangar des routes
    Où je cherche un abri, de quel bonheur secret
    Viens-tu mêler ma peine, et dans tes belles gouttes
    Quel est ce souvenir et cet...

  • Tantôt semblable à l'onde et tantôt monstre ou tel
    L'infatigable feu, ce vieux pasteur étrange
    (ainsi que nous l'apprend un ouvrage immortel)
    Se muait. Comme lui, plus qu'à mon tour, je change.

    Car je hais avant tout le stupide indiscret,
    Car le seul juste point est un jeu de balance,
    Qu'enfin dans mon esprit je conserve un secret
    Qui remplirait d'...

  • Soeur de Phébus charmante,
    Qui veilles sur les flots, je pleure et je lamente,
    Et je me suis meurtri avec mes propres traits.
    Qu'avais-je à m'enquérir d'Eros, fils de la terre !
    Eros, fils de Vénus, me possède à jamais.

    Guidant ta course solitaire,
    Lune, tu compatis à mon triste souci.
    Ô Lune, je le sais, non, tu n'as pas, vénale,
    A Pan barbu...

  • Adieu, la vapeur siffle, on active le feu ;
    Dans la nuit le train passe ou c'est l'ancre qu'on lève ;
    Qu'importe ! on vient, on part ; le flot soupire : adieu !
    Qu'il arrive du large ou qu'il quitte la grève.

    Les roses vont éclore, et nous les cueillerons ;
    Les feuilles du jardin vont tomber une à une.
    Adieu ! quand nous naissons, adieu ! quand nous mourons...

  • Je naquis au bord d'une mer dont la couleur passe
    En douceur le saphir oriental. Des lys
    Y poussent dans le sable, ah, n'est-ce ta face
    Triste, les pâles lys de la mer natale ;
    N'est-ce ton corps délié, la tige allongée
    Des lys de la mer natale !

    Ô amour, tu n'eusses souffert qu'un désir joyeux
    Nous gouvernât; ah, n'est-ce tes yeux,
    Le...