France, jadis on te soulait* nommer,
En tous pays, le trésor de noblesse,
Car un chacun pouvait en toi trouver
Bonté, honneur, loyauté, gentillesse,
Clergie, sens, courtoisie, prouesse.
Tous étrangers aimaient te suivre.
Et maintenant vois, dont j'ai déplaisance,
Qu'il te convient maint grief mal soustenir,
Très chrétien, franc royaume de France.
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En faictes vous doubte
Que vostre ne soye ?
Se Dieu me doint joye
Au cueur, si suis toute.
Rien ne m'en deboute,
Pour chose que j'oye.
En faictes vous doubte
Que vostre ne soye ?
Dangier et sa route
S'en voisent leur voye*,
Sans que plus les voye !
Tousjours il m'escoute.
En faictes vous doubte ?
(*)... -
Mon cuer, estouppe* tes oreilles
Pour le vent de merencolie !
S'il y entre, ne doubte mye,
Il est dangereux a merveilles.
Soit que tu donnes ou tu veilles,
Fais ainsi que dy, je t'en prie ;
Mon cuer, estouppe tes oreilles
Pour le vent de merencolie !
Il cause doleurs nompareilles
Dont s'engendre la maladie
Qui n'est pas de... -
Le premier jour du mois de may
Trouvé me suis en compaignie
Qui estoit, pour dire le vray,
De gracieuseté garnie ;
Et pour oster merencolie
Fut ordonné qu'on choisiroit,
Comme Fortune donneroit,
La fueille plaine de verdure
Ou la fleur pour toute l'annee.
Si prins la fueille pour livree,
Comme lors fut mon aventure.
Tantost... -
Yver, vous n'estes qu'un villain !
Esté est plaisant et gentil,
En tesmoing de May et d'Avril
Qui l'acompaignent soir et main*.
Esté revest champs, bois et fleurs,
De sa livree de verdure
Et de maintes autres couleurs,
Par l'ordonnance de Nature.
Mais vous, Yver, trop estes plain
De nege, vent, pluye et grezil ;
On vous deust... -
En acquittant nostre temps vers jeunesse,
Le nouvel an et la saison jolie,
Plains de plaisir et de toute liesse
- Qui chascun d'eulx chierement nous en prie -,
Venuz sommes en ceste mommerie*,
Belles, bonnes, plaisans et gracieuses,
Prestz de dancer et faire chiere lie
Pour resveillier voz pensees joieuses.
Or bannissiez de vous toute... -
Les fourriers d'Eté sont venus
Pour appareiller son logis,
Et ont fait tendre ses tapis,
De fleurs et verdure tissus.
En étendant tapis velus,
De vert herbe par le pays,
Les fourriers d'Eté sont venus
Pour appareiller son logis.
Coeurs d'ennui piéça morfondus,
Dieu merci, sont sains et jolis ;
Allez-vous-en, prenez pays,
Hiver... -
Qui ? quoy ? comment ? a qui ? pourquoy ?
Passez, presens ou avenir,
Quant me viennent en souvenir,
Mon cueur en penser n'est pas coy.
Au fort, plus avant que ne doy
Jamais je ne pense enquerir :
Qui ? quoy ? comment ? a qui ? pourquoy ?
Passez, presens ou avenir.
On s'en puet rapporter a moy
Qui de vivre ay eu beau loisir
Pour... -
En verrai ge jamais la fin,
De voz oeuvres, Merancolie ?
Quand au soir de vous me deslie
Vous me ratachez au matin.
J'aimasse mieulx autre voisin
Que vous qui sy fort me guerrie ;
En verrai ge jamais la fin,
De voz oeuvres, Merancolie ?
Vers moy venez en larrecin
Et me robez Plaisance lie ;
Suis je destiné en ma vie
D'estre... -
J'ay fait l'obseque de ma dame
Dedens le moustier amoureux,
Et le service pour son ame
A chanté Penser doloreux.
Mains cierges de soupirs piteux
Ont esté en son luminaire ;
Aussi j'ay fait la tombe faire
De regrez, tous de larmes pains,
Et tout entour moult richement
Est escript : Cy gist vrayement
Le tresor de tous biens mondains....