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    Prends, s’il le faut, docteur, les ailes de Mercure
    Pour m’apporter plus tôt ton baume précieux !
    Le moment est venu de faire la piqûre
    Qui, de ce lit d’enfer, m’enlève vers les cieux.

    Merci, docteur, merci ! qu’importe que la cure
    Maintenant se prolonge en des jours ennuyeux !
    Le divin baume est là, si divin qu’Epicure
    Aurait dû l’inventer...

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    J'aime ces doux oiseaux, qui promènent dans l'air
    Leur vie et leur amour, et plus prompts que l'éclair,
                 Qui s'envolent ensemble !
    J'aime la fleur des champs, que l'on cueille au matin,
    Et que le soir, au bal, on pose sur son sein
                 Qui d'enivrement tremble !

    J'aime les tourbillons des danses, des plaisirs,
    Les fêtes, la...

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    Bien des gens en ce monde ont une humeur byzarre,
    Et dont on cherche en vain la cause et le secret ;
    Sans qu’on sache pourquoi, leur esprit douceret
    En un instant hargneux, coléreux se déclare ;

    L’un défend une chose, et puis il la permet ;
    L’autre Anglais le matin, le soir se fait Tartare.
    L’un à l’esprit posé devient brouillon, distrait,
    L’...

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    Dans ce pauvre village où la vie est amère,
    Le triste champ de mort, à l'aspect maladif,
    Vient étaler les pleurs du cyprès et de l'if
    A l'âme du passant qui pâlit et se serre !

    Là, point de ces tombeaux, au chapiteau plaintif,
    Où des riches s'endort la gloire mensongère,
    Mais de fragiles croix, indice si naïf
    De l'endroit où du pauvre a fini...

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    Maintenant la vapeur est à l'ordre du jour.
    Tout marche par son aide ! Est-ce un bien pour le monde ?
    Pour bien choisir sur terre où toute chose abonde,
    Faut-il donc se hâter, lorsqu'on en fait le tour.

    On vole désormais sur la terre et sur l'onde ;
    On fait sans y penser l'aller et le retour ;
    On singe le soleil qui, lorsqu'il fait sa ronde,
    ...

  • Le soleil entraînant dans sa course lointaine
    Les brûlantes vapeurs, vers d'autres horizons,
    Ne dorait déjà plus la neige des tisons
    Que les brebis laissaient aux buissons de la plaine.

    L'âme était plus tranquille, et l'air était plus doux !
    Loin du regard de feu du soleil, l'atmosphère
    Des fleurs qui respiraient, à l'ombre de la terre,
    Exhalait...

  • A Herminie.

    Je suis blonde et charmante,
    Ailée et transparente,
    Sylphe, follet léger, je suis fille de l'air,
    Que puis-je avoir à craindre ?
    Une nuit de m'éteindre ?
    Qu'importe de mourir comme meurt un éclair !

    Je vole sur la nue ;
    Aux mortels inconnue,
    Je dispute en riant la vitesse aux zéphirs !
    Il n'est point de tempête...

  • Sonnet

    Quand par le dur hiver tristement ramenée
    La neige aux longs flocons tombe, et blanchit le toit,
    Laissez geindre du temps la face enchifrenée.
    Par nos nombreux fagots, rendez-moi l'âtre étroit !

    Par le rêveur oisif, la douce après-dinée !
    Les pieds sur les chenets, il songe, il rêve, il croit
    Au bonheur ! - il ne veut devant sa...

  • Sonnet

    La barque s'enfuyait sur l'onde fugitive ;
    La nuit se prolongeant comme un paisible soir
    A la lune du ciel pâle, méditative,
    Prêtait un doux abri dans son vêtement noir ;

    Dans le lointain brumeux une cloche plaintive
    Soupire un son pieux au clocher du manoir ;
    Le saint bruit vient passer à l'oreille attentive,
    Comme une ombre que...

  • Connaissez-vous mon Andalouse,
    Plus belle que les plus beaux jours,
    Folle amante, plus folle épouse,
    Dans ses amours, toute jalouse,
    Toute lascive en ses amours !

    Vrai dieu ! de ce que j'ai dans l'âme,
    Eussé-je l'enfer sous mes pas,
    Car un mot d'amour de ma dame
    A seul allumé cette flamme,
    Mon âme ne se plaindra pas !

    C'est...