• Ode

    Des chants, voilà toute sa vie !
    Ainsi qu'un brouillard vaporeux,
    Le souffle animé de l'envie
    Glissa sur son coeur généreux
    Toujours sa plus chère espérance
    Rêva le bonheur de la France ;
    Toujours il respecta les lois...
    Mais les haines sont implacables,
    Et sur le banc des vils coupables
    La vertu s'assied quelquefois.

    ...

  • L'hiver s'enfuit ; le printemps embaumé
    Revient suivi des Amours et de Flore ;
    Aime demain qui n'a jamais aimé,
    Qui fut amant, demain le soit encore !

    Hiver était le seul maître des temps,
    Lorsque Vénus sortit du sein de l'onde ;
    Son premier souffle enfanta le printemps,
    Et le printemps fit éclore le monde.

    L'été brûlant a ses grasses...

  • Ici l'on passe
    Des jours enchantés !
    L'ennui s'efface
    Aux coeurs attristés
    Comme la trace
    Des flots agités.

    Heure frivole
    Et qu'il faut saisir,
    Passion folle
    Qui n'est qu'un désir,
    Et qui s'envole
    Après le plaisir !

  • Sur le pays des chimères
    Notre vol s'est arrêté :
    Conduis-nous en sûreté
    Pour traverser ces bruyères,
    Ces rocs, ce champ dévasté.

    Vois ces arbres qui se pressent
    Se froisser rapidement ;
    Vois ces roches qui s'abaissent
    Trembler dans leur fondement.
    Partout le vent souffle et crie !

    Dans ces rocs, avec furie,
    Se mêlent...

  • (Le Dieu Pan parle :)

    Les heures sont des fleurs l'une après l'autre écloses
    Dans l'éternel hymen de la nuit et du jour ;
    Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses
    Et ne les donner qu'à l'amour.

    Ainsi que de l'éclair, rien ne reste de l'heure,
    Qu'au néant destructeur le temps vient de donner ;
    Dans son rapide vol embrassez la...

  • Homme ! libre penseur - te crois-tu seul pensant
    Dans ce monde où la vie éclate en toute chose :
    Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
    Mais de tous tes conseils l'univers est absent.

    Respecte dans la bête un esprit agissant : ...
    Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
    Un mystère d'amour dans le métal repose :
    "Tout est sensible ! " - Et...

  • La connais-tu, Daphné, cette vieille romance
    Au pied du sycomore... ou sous les mûriers blancs,
    Sous l'olivier plaintif, ou les saules tremblants,
    Cette chanson d'amour, qui toujours recommence ?

    Reconnais-tu le Temple au péristyle immense,
    Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
    Et la grotte fatale aux hôtes imprudents
    Où du serpent vaincu...

  • Quiconque a regardé le soleil fixement
    Croit voir devant ses yeux voler obstinément
    Autour de lui, dans l'air, une tache livide.

    Ainsi, tout jeune encore et plus audacieux,
    Sur la gloire un instant j'osai fixer les yeux :
    Un point noir est resté dans mon regard avide.

    Depuis, mêlée à tout comme un signe de deuil,
    Partout, sur quelque endroit que s...

  • Ces nobles d'autrefois dont parlent les romans,
    Ces preux à fronts de boeuf, à figures dantesques,
    Dont les corps charpentés d'ossements gigantesques
    Semblaient avoir au soi racine et fondements ;

    S'ils revenaient au monde, et qu'il leur prît l'idée
    De voir les héritiers de leurs noms immortels,
    Race de Laridons, encombrant les hôtels
    Des ministres...

  • "Ce roc voûté par art, chef-d'oeuvre d'un autre âge,
    Ce roc de Tarascon hébergeait autrefois
    Les géants descendus des montagnes de Foix,
    Dont tant d'os excessifs rendent sûr témoignage."

    O seigneur Du Bartas ! Je suis de ton lignage,
    Moi qui soude mon vers à ton vers d'autrefois ;
    Mais les vrais descendants des vieux Comtes de Foix
    Ont besoin de...