• Sous un souflle apaisé quand rit la mer sereine,
    Tout mon cœur s’enhardit, et pour l’humide plaine
    La terre est oubliée : ô mer, je viens à toi !
    Mais qu’un grand vent s’élève et réveille l’effroi,
    Que l’écume du flot blanchisse et fasse rage,
    Tout mon amour alors se reprend au rivage ;
    Je ne veux que les bois, et l’ombre et les gazons :
    Le pin, par...

  • Quand il pâlit un soir, et que sa voix tremblante
    S’éteignit tout à coup dans un mot commencé ;
    Quand ses yeux, soulevant leur paupière brûlante,
    Me blessèrent d’un mal dont je le crus blessé ;
    Quand ses traits plus touchants, éclairés d’une flamme
                Qui ne s’éteint jamais,
    S’imprimèrent vivants dans le fond de mon âme ;
                Il n’...

  • — « Sur les bois oubliés quand passe l’hiver sombre,
    Tu te plains, ô captif solitaire du seuil,
    Que ce sépulcre à deux qui fera notre orgueil
    Hélas ! du manque seul des lourds bouquets s’encombre.
      
    Sans écouter Minuit qui jeta son vain nombre,
    Une veille t’exalte à ne pas fermer l’œil
    Avant que dans les bras de l’ancien fauteuil
    Le suprême...

  • Quand le pilot voit le nord luire ès cieux,
    La calme mer ronfler sous la carène,
    Un doux zéphyr soufrer la voile pleine,
    Il vogue, enflant son coeur audacieux.

    Le même aussi, quand le ciel pluvieux
    Des vents félons meut l'orageuse haleine,
    Qui bat les flancs de sa nef incertaine,
    Humble, tapit sous la merci des dieux.

    Amour ainsi d'une...

  • Quand je te vis entre un millier de Dames,
    L'elite et fleur des nobles, et plus belles,
    Ta resplendeur telle estoyt parmy elles,
    Quelle est Venus sur les celestes flames.

    Amour adonq' se vangea de mille ames
    Qui luy avoyent jadis esté rebelles,
    Telles tes yeux eurent leurs estincelles
    Par qui les cueurs d'un chacun tu enflames.

    Phebus...

  • Un jour, quand de l'yver l'ennuieuse froidure
    S'atiedist, faisant place au printems gracieux,
    Lorsque tout rit aux champs, et que les prez joyeux
    Peingnent de belles fleurs leur riante verdure ;

    Près du Clain tortueux, sous une roche obscure,
    Un doux somme ferma d'un doux lien mes yeux.
    Voyci en mon dormant une clairté des cieux
    Venir l'ombre...

  • Stances

    Quand tu me vois baiser tes bras,
    Que tu poses nus sur tes draps,
    Bien plus blancs que le linge même,
    Quand tu sens ma brûlante main
    Se pourmener dessus ton sein,
    Tu sens bien, Cloris, que je t'aime.

    Comme un dévot devers les cieux,
    Mes yeux tournés devers tes yeux,
    A genoux auprès de ta couche,
    Pressé de mille ardents...

  • Quand vient le soir,
    Des cygnes noirs,
    Ou des fées sombres,
    Sortent des fleurs, des choses, de nous
    Ce sont nos ombres.

    Elles avancent ; le jour recule.
    Elles vont dans le crépuscule,
    D'un mouvement glissant et lent.
    Elles s'assemblent, elles s'appellent,
    Se cherchent sans bruit,
    Et toutes ensemble,
    De leurs petites ailes,...

  • Je disais : " Quand viendra la reine que j'attends,
    La grande fiancée aux mains victorieuses,
    Je trouverai des paroles mystérieuses,
    Des mots couleur de ciel, d'aurore et de printemps.

    " Et, comme réveillé d'un sommeil de cent ans
    Par le baiser de ses lèvres impérieuses,
    Pour dire nos amours pâles et merveilleuses
    Je chanterai d'antiques hymnes...

  • Ballade

    Quand j'ois parler d'un prince et de sa cour,
    Et qu'on me dit : Fréquentez-y, beau sire,
    Lors je réponds : Mon argent est trop court,
    J'y dépendrais, sans cause, miel et cire :
    Et qui de cour la hantise désire,
    Il n'est qu'un fol, et fût-ce Parceval ;
    Car on se voit souvent, dont j'ai grand ire,
    Très bien monté, puis soudain sans...