• Ne sois pas étonné si la foule, ô poète,
    Dédaigne de gravir ton œuvre jusqu’au faîte !
    La foule est comme l’eau qui fuit les hauts sommets :
    Où le niveau n’est pas, elle ne vient jamais.
    Donc, sans prendre à lui plaire une peine perdue,
    Ne fais pas d’escalier à ta pensée ardue :
    Une rampe aux boiteux ne rend pas le pied sûr.
    Que le pic solitaire...

  •  
    Tous les fruits du verger ne sont pas mûrs encor,
    Mais l’automne apparaît dans les bois jaunes d’or ;
    La brume se répand, grise comme la cendre,
    Au pied de ce coteau que tu vas redescendre.
    Sur la pierre annonçant la moitié du chemin,
    Que fait cet homme assis et le front dans sa main ?
    Il écoute les voix de la saison extrême
    Gémir dans la forêt...

  •  
    Une enfant de seize ans, belle, et qui, toute franche,
                 Ouvrant ses yeux, ouvrait son cœur,
    S’est inclinée un jour comme une fleur se penche,
                 Agonisante deux fois blanche
                 Par l’innocence et la...

  • Ta douleur, du Perrier, sera donc éternelle ?
          Et les tristes discours
    Que te met en l’esprit l’amitié paternelle
          L’augmenteront toujours ?

    Le malheur de ta fille au tombeau descendue
          Par un commun trépas,
    Est-ce quelque dédale où ta raison perdue
          Ne se retrouve pas ?

    Je sais de quels appas son enfance était pleine ;...

  •  
    Honoratus, évêque, à Séréna, salut :

    Enfant prédestinée aux épreuves divines,
    Ma fille, s’il est vrai que le Seigneur se plut
    A couronner ton front d’innocentes épines,
    Si tes pleurs ont coulé sur le sein maternel,
    Si ton cœur virginal, troublé des premiers rêves,
    Nourrit de longs espoirs ses félicités brèves
    Et d’un terrestre amour fit un...

  •  
    Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons,
    Dont le front est de glace et les pieds de gazons ;
    C’est là qu’il faut s’asseoir
    Alfred de VIGNY.

     
    Connaissez-vous ces monts dont la tête immobile
    Oppose son silence au bruit des flots mouvans ?
    Au sein de leurs rochers est un pieux asile
    Cher aux êtres souffrans.

    C...

  • La neige tapissait la terre
    Et frangeait le toit des maisons ;
    Au coin de l’âtre, solitaire,
    Je regardais mes froids tisons.

    Bientôt une douce parole
    M’arrache à mon accablement…
    « — Viens ! disait-on, car je console
    » Des regrets, de l’isolement. » —

    Une femme jeune et rieuse
    S’accoudait à mon vieux fauteuil :
    La ravissante...

  • O la rafraîchissante et consolante idée,
    Mourir ! trouver enfin le silence et la nuit,
    Fermer mes yeux au jour mes oreilles au bruit,
    Vider la coupe noire à ma soif accordée,

    Dormir, oublier ! puis, toute l’éternité,
    Rêver d’amour sans fin, rêver de paix sans lutte,
    Ne plus craindre à mes pieds le piége ni la chute,
    Et poursuivre à loisir l’idéale...

  • One night came on a hurricane,
      The sea was mountains rolling,
    When Barney Buntline turned his quid,
      And said to Billy Bowling:
    “A strong nor’wester ’s blowing, Bill;
      Hark! don’t ye hear it roar now?
    Lord help ’em, how I pities them
      Unhappy folks on shore now!

    “Foolhardy chaps who live in towns,
      What danger they...

  • Quand le Dieu qui me frappe, attendri par mes larmes,
    De mon coeur oppressé soulève un peu sa main,
    Et, donnant quelque trêve à mes longues alarmes,
    Laisse tarir mes yeux et respirer mon sein;

    Soudain, comme le flot refoulé du rivage
    Aux bords qui l'ont brisé revient en gémissant,
    Ou comme le roseau, vain jouet de l'orage,
    Qui plie et rebondit sous la...