• Londe porte le poids des feuilles en détresse.
    Elles flottent au fil du courant… L’air est doux…
    Allons à la dérive… Errons, ô ma Maîtresse,
    Languissamment, au gré du fleuve ardent et roux.

    Le fleuve ensanglanté des feuilles en détresse
    ...

  • Paré d’aigue-marine et d’onyx et d’opale,
    Le soir voluptueux sourit bizarrement,
    Et, goûtant à demi la saveur du moment,
    Nous regrettons tout bas une joie idéale.

    Le couchant qui blêmit et rougit tour à tour,
    La campagne morbide et l’heure...

  • Vertigineusement, j’allais vers les Étoiles…
    Mon orgueil savourait le triomphe des dieux,
    Et mon vol déchirait, nuptial et joyeux,
    Les ténèbres d’été, comme de légers voiles…

    Dans un fuyant baiser d’hymen, je fus l’amant
    De la Nuit aux...

  • Gellô fut autrefois une vierge aux cheveux
    Plus doux que le reflet de la lune sur l’onde,
    Et mourut sans frémir de l’angoisse profonde,
    Sans avoir connu le mensonge des aveux.
    Elle hait le désir qui profane l’Épouse,
    Elle erre dans la nuit...

  •  
        Dans la pourpre et dans l’or d’un silence hautain,
        J’entends sonner ici l’heure de mon destin.

        Sa lamentation traverse la lumière,
        Elle sonne en pleurant, exacte et régulière.

        Avec la voix des sorts qui ne pardonnent pas,
        Elle annonce, elle dit et redit : Tu mourras.

        O routes sans raisins et sans roses suivies !...

  • Pourquoi revenir, les paupières avides,
    Tournant vers mon seuil tes pas irrésolus ?
    Pourquoi m’implorer, Gorgô ? J’ai les mains vides
    Et je n’aime plus.

    Je n...

  • Les pampres du printemps et le vin de l’automne
    Ont perdu le parfum qui jadis me fut cher :
    Je veux l’haleine chaste et le silence amer,
    Les brumes et la glace et l’ombre de l’Hiver.

    Je ne tresserai plus l’irréelle anémone,
    Je n’écouterai...

  •  
        Parmi les thyms chauffés et leur bonne senteur
        Et le bourdonnement d’abeilles inquiètes,
        J’élève en autel d’or à la bonne Lenteur
        Amie et protectrice auguste des poètes.

        Elle enseigne l’oubli des heures et des jours
        Et donne, avec le doux mépris de ce qui presse,
        Le sens oriental de ces belles amours
        Dont le...

  •  
    Le jardin et le calme et la lumière basse,
    Et tous mes souvenirs qui pleurent vers le soir…
    La douceur d’être seule et triste et de m’asseoir
    Dans l’ombre, de ne plus sourire et d’être lasse…

    Parmi les frondaisons rôdent d’anciens soupirs,
    Et le bonheur lui-même est incertain et tremble.
    Je suis une qui se recueille et je rassemble
    Mes...

  •  
        Nul n’oserait frôler l’effilement des doigts
        Que je tends en un geste indifférent et triste.

        L’amour n’a point d’écho pour répondre à ma voix,
        Nul n’ose interroger mes regards d’améthyste…

        Car moi, fille royale, ainsi je l’ai voulu,
        Sachant que mon bonheur était dans le silence…

        Seuls, les beaux chants lointains de l’...