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    À Edmond L.

    Edmond, te souvient-il de nos jeunes années,
    De ce temps encor proche et qui semble lointain,
    Où tous deux nous tenions nos têtes inclinées.
    Sur ces livres méchants de grec et de latin..

    Mais voici qu’aujourd’hui tu prends un autre livre,
    Le livre le plus pur et le plus gracieux,
    Le livre de l’amour, dont...

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    I

    Quelque chose de moi dans les villes du Nord,
    Quelque chose survit de plus fort que la mort.

    En leurs quartiers lépreux qu’affligent des casernes,
    Quelque chose de moi pleure dans les tambours.

    Et par les soirs de pluie, en leurs mornes faubourgs,
    Quelque chose de moi brûle dans les lanternes.

    Et, tandis que le vent s’exténue en reproches...

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    Les fronts blancs, les fronts doux, les fronts mélancoliques
    Des femmes dont les yeux étoilent la pâleur
    Font tant sympathiser mon âme avec la leur,
    Que j’y mettrais ma lèvre ainsi qu’à des reliques.

    Je voudrais dans mon être amasser la chaleur
    Et les parfums d’encens des vieilles basiliques
    Pour faire refleurir l’amour des bucoliques
    Et...

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    Au beau de notre amour elle s’est en allée
    Comme une noce en blanc au lointain d’une allée,

    Au beau de notre amour on a fermé le parc
    Où nous marchions à deux sous les rameaux en arc.

    L’absence tout à coup a desséché la vasque
    Où montait notre espoir tel qu’un jet d’eau fantasque.

    Elle s’en est allée au plus tendre moment
    Comme un cortège...

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    Au centre d’un pignon de la cour taciturne,
    Un cadran blasonnait la tristesse des murs
    Et les Heures tombaient, à coups rythmés et sûrs,
    Comme des gouttes d’eau qui tomberaient d’une urne.

    Comme des gouttes d’eau, s’égrenant par instant
    Sur un homme perdu dans une grotte obscure.
    Pleurs du rocher qui font une humide piqûre
    Et par une douleur...

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    I

    C’est la douceur, c’est la candeur du Temps Pascal
    Et, pour les âmes repenties,
    Il neige des hosties…

    Les vergers du ciel sont en fleurs,
    Neige tiède de Floréal,
    Comme celle tombant des branches
    En fleurs blanches ;
    Ah ! cette chute dans les cœurs
    De la neige en fleur des hosties

    Qui, calmement, portent en elles
    ...

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    Les écoliers joueurs dans le calme des classes
    Pour voler les rayons du soleil émergeant
    Enchâssent dans leurs doigts, comme un piège d’argent,
    Des débris lumineux de miroirs et de glaces.

    Et ― comme d’une cage ouverte ― ont voleté
    Des rayons, oiseaux d’or, qui traversent les vitres,
    Et partout sur les murs, les tableaux, les pupitres,
    On les...

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    À François Coppée.

    I

    Marthe était née au fond d’un village des Flandres,
    Autour duquel un fleuve enroule ses méandres,
    De flots moirés coulant entre deux talus verts.
    Leur maison, nonobstant sa forme villageoise,
    Etait coquette avec son toit luisant d’ardoise
    Et ses petits volets au soleil large ouverts.

    Son père...

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    À Madame Louise Ackermann.

    L’implacable Infini dont tu souffres, poète,
    Nous en avons souffert comme toi, plus que toi ;
    Et nous avons aussi, pendant la nuit muette,
    Crispé nos poings d’ennui, de colère et d’effroi.

    Nous avons comme toi crié dans nos alarmes
    Vers ce Dieu morne et sourd qui nous laissait pleurer,
    Quand...

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    Les jardins de l’enfance aux roses oubliées
    Ressuscitent parfois dans un vieux livre où dort
    Les ailes repliées
    D’un grand papillon mort !

    On songe avec tristesse aux aubes en allées
    Où le papillon mort, grisé par les chaleurs,
    Ouvrait dans les allées
    Son éventail en fleurs.

    On songe qu’en ces jours de floraison première
    La...