• A peine avait seize ans, de la belle Vénus
    Et du Cyllénien la jeune et chère race,
    Quand, au temps que Phébus son plus long chemin trace,
    Dans un fleuve il voulut baigner ses membres nus.

    Mes souhaits, dit Salmace, ore sont advenus.
    Ce disant, elle court, entre en l'eau et l'embrasse,
    La peur saisit le coeur, et la honte la face
    D'Hermaphrodit,...

  • Je fumais tout en mon fort soupirer,
    Si chaudement, que le froid de son coeur
    Se distilla ; et l'ardente vigueur
    Lui fit d'Amour un soupir respirer.

    Mes yeux aussi, coutumiers d'attirer
    A leurs ruisseaux tant de triste liqueur,
    Amollissaient toute dure rigueur,
    Dont me soulait ma dame martyrer.

    Quand comme émue au soin de mon souci,...

  • O calme nuit, qui doucement compose
    En ma faveur l'ombre mieux animee
    Qu'onque Morphee en sa sale enfumee
    Peingnit du rien de ses Metamorphoses !

    Combien heureus les oeillets et les roses
    Ceingnoient le bras de mon ame espamee,
    Affriandant une langue affamee
    Du Paradis de deus levres descloses !

    Lorsque Phebus, laissant sa molle couche,
    ...

  • Quel Dieu grava cette majesté douce
    En ce gai port d'une prompte allégresse ?
    De quel lis est, mais de quelle déesse
    Cette beauté qui les autres détrousse ?
    Quelle Sirène hors du sein ce chant pousse,
    Qui décevrait le caut Prince de Grèce ?
    Quels sont ces yeux mais bien quel trophée est ce
    Qui tient d'amour l'arc, les traits et la trousse ?
    Ici le...

  • Le soleil entraînant dans sa course lointaine
    Les brûlantes vapeurs, vers d'autres horizons,
    Ne dorait déjà plus la neige des tisons
    Que les brebis laissaient aux buissons de la plaine.

    L'âme était plus tranquille, et l'air était plus doux !
    Loin du regard de feu du soleil, l'atmosphère
    Des fleurs qui respiraient, à l'ombre de la terre,
    Exhalait...

  • A Herminie.

    Je suis blonde et charmante,
    Ailée et transparente,
    Sylphe, follet léger, je suis fille de l'air,
    Que puis-je avoir à craindre ?
    Une nuit de m'éteindre ?
    Qu'importe de mourir comme meurt un éclair !

    Je vole sur la nue ;
    Aux mortels inconnue,
    Je dispute en riant la vitesse aux zéphirs !
    Il n'est point de tempête...

  • Sonnet

    Quand par le dur hiver tristement ramenée
    La neige aux longs flocons tombe, et blanchit le toit,
    Laissez geindre du temps la face enchifrenée.
    Par nos nombreux fagots, rendez-moi l'âtre étroit !

    Par le rêveur oisif, la douce après-dinée !
    Les pieds sur les chenets, il songe, il rêve, il croit
    Au bonheur ! - il ne veut devant sa...

  • Sonnet

    La barque s'enfuyait sur l'onde fugitive ;
    La nuit se prolongeant comme un paisible soir
    A la lune du ciel pâle, méditative,
    Prêtait un doux abri dans son vêtement noir ;

    Dans le lointain brumeux une cloche plaintive
    Soupire un son pieux au clocher du manoir ;
    Le saint bruit vient passer à l'oreille attentive,
    Comme une ombre que...

  • Connaissez-vous mon Andalouse,
    Plus belle que les plus beaux jours,
    Folle amante, plus folle épouse,
    Dans ses amours, toute jalouse,
    Toute lascive en ses amours !

    Vrai dieu ! de ce que j'ai dans l'âme,
    Eussé-je l'enfer sous mes pas,
    Car un mot d'amour de ma dame
    A seul allumé cette flamme,
    Mon âme ne se plaindra pas !

    C'est...

  • A une jeune personne à la noble tournure, aux yeux grands et noirs.


    Celle que j'aime a de grands yeux
    Sous de brunes prunelles ;
    Celle que j'aime sous les cieux
    Est la belle des belles.
    Elle dore, embellit mes jours,
    Oh ! si j'étais à même,
    Mon Dieu, je voudrais voir toujours
    Celle que j'aime.

    Celle que j'aime est douce à voir,...