• Oh ! quand je dors, viens auprès de ma couche,
    Comme à Pétrarque apparaissait Laura,
    Et qu'en passant ton haleine me touche... -
    Soudain ma bouche
    S'entr'ouvrira !

    Sur mon front morne où peut-être s'achève
    Un songe noir qui trop longtemps dura,
    Que ton regard comme un astre se lève... -
    Soudain mon rêve
    Rayonnera !

    Puis sur ma...

  • Quand pourrai-je, quittant tous les soins inutiles
    Et le vulgaire ennui de l'affreuse cité,
    Me reconnaître enfin, dans les bois, frais asiles,
    Et sur les calmes bords d'un lac plein de clarté ?

    Mais plutôt, je voudrais songer sur tes rivages,
    Mer, de mes premiers jours berceau délicieux ;
    J'écouterai gémir tes mouettes sauvages,
    L'écume de tes...

  • Quand reviendra l'automne avec les feuilles mortes
    Qui couvriront l'étang du moulin ruiné,
    Quand le vent remplira le trou béant des portes
    Et l'inutile espace où la meule a tourné,

    Je veux aller encor m'asseoir sur cette borne,
    Contre le mur tissé d'un vieux lierre vermeil,
    Et regarder longtemps dans l'eau glacée et morne
    S'éteindre mon image et le pâle...

  • Quand je viendrai m'asseoir dans le vent, dans la nuit,
    Au bout du rocher solitaire,
    Que je n'entendrai plus, en t'écoutant, le bruit
    Que fait mon coeur sur cette terre,

    Ne te contente pas, Océan, de jeter
    Sur mon visage un peu d'écume :
    D'un coup de lame alors il te faut m'emporter
    Pour dormir dans ton amertume.

  • Quand on rentre chez soi, délivré de la rue,
    Aux fins d'automne où, gris cendré, le soir descend
    Avec une langueur qu'il n'a pas encore eue,
    La chambre vous accueille alors tel qu'un absent...

    Un absent cher, depuis longtemps séparé d'elle,
    Dont le visage aimé dormait dans le miroir ;
    Ô chambre délaissée, ô chambre maternelle
    Qui, toute seule, eût des...

  • Quand le soir est tombé dans la chambre quiète
    Mélancoliquement, seul le lustre émiette
    Son bruit d'incontenté dans le silence clos.
    Lustre toujours vibrant comme un arbre d'échos,

    Lustre aux calices fins en verre de Venise
    Où la douleur de la poussière s'éternise,
    Mais en gémissements qu'à peine on remarqua,
    Grêles comme un chagrin lointain d'harmonica...

  • Quand je suis à tes pieds, comme un fidèle au temple
    Immobile et pieux, quand fervent je contemple
    Ta bouche exquise ou flotte un sourire adoré,
    Tes cheveux blonds luisant comme un casque doré,
    Tes yeux penchés d?où tombe une douceur câline,
    Ton cou svelte émergeant d?un flot de mousseline,
    L?ombre de tes longs cils sur ta joue et tes seins
    Où mes baisers...

  • Quand le ciel étoilé couvre notre demeure
    Nous nous taisons durant des heures
    Devant son feu intense et doux
    Pour nous sentir, plus fervemment, émus de nous.

    Les grands astres d'argent tracent là-haut leur route ;
    Sous les flammes et les lueurs
    La nuit étend ses profondeurs
    Et le calme est si grand que l'océan l'écoute !

    Mais qu'importe que...

  • Non, quand bien même une amère souffrance
    Dans ce coeur mort pourrait se ranimer ;
    Non, quand bien même une fleur d'espérance
    Sur mon chemin pourrait encor germer ;

    Quand la pudeur, la grâce et l'innocence
    Viendraient en toi me plaindre et me charmer,
    Non, chère enfant, si belle d'ignorance,
    Je ne saurais, je n'oserais t'aimer.

    Un jour...

  • Sonnet

    Quand par le dur hiver tristement ramenée
    La neige aux longs flocons tombe, et blanchit le toit,
    Laissez geindre du temps la face enchifrenée.
    Par nos nombreux fagots, rendez-moi l'âtre étroit !

    Par le rêveur oisif, la douce après-dinée !
    Les pieds sur les chenets, il songe, il rêve, il croit
    Au bonheur ! - il ne veut devant sa...