-
-
Ni de son chef le trésor crépelu,
Ni de son ris l'une et l'autre fossette,
Ni l'embonpoint de sa gorge grassette,
Ni son menton rondement fosselu,
Ni son bel oeil que les miens ont voulu
Choisir pour prince à mon âme sujette,
Ni son beau sein dont l'Archerot me jette
Le plus aigu de son trait émoulu,
Ni son beau corps, le logis des Charites,... -
Te regardant assise auprès de ta cousine,
Belle comme une Aurore, et toi comme un Soleil,
Je pensai voir deux fleurs d'un même teint pareil,
Croissantes en beauté, l'une à l'autre voisine.
La chaste, sainte, belle et unique Angevine,
Vite comme un éclair sur moi jeta son oeil.
Toi, comme paresseuse et pleine de sommeil,
D'un seul petit regard tu ne m'... -
Il faut laisser maisons et vergers et jardins,
Vaisselles et vaisseaux que l'artisan burine,
Et chanter son obseque en la façon du Cygne,
Qui chante son trespas sur les bors Maeandrins.
C'est fait j'ay devidé le cours de mes destins,
J'ay vescu, j'ay rendu mon nom assez insigne,
Ma plume vole au ciel pour estre quelque signe
Loin des appas mondains qui... -
Je vous donne des oeufs. L'oeuf en sa forme ronde
Semble au Ciel, qui peut tout en ses bras enfermer,
Le feu, l'air et la terre, et l'humeur de la mer,
Et sans estre comprins comprend tout en ce monde.
La taye semble à l'air, et la glère féconde
Semble à la mer qui fait toutes choses germer :
L'aubin ressemble au feu qui peut tout animer,
La coque en... -
Petit nombril, que mon penser adore,
Et non mon oeil qui n'eut onques le bien
De te voir nu, et qui mérites bien
Que quelque ville on te bâtisse encore ;
Signe amoureux, duquel Amour s'honore,
Représentant l'Androgyne lien,
Combien et toi, mon mignon, et combien
Tes flancs jumeaux folâtrement j'honore !
Ni ce beau chef, ni ces yeux, ni ce... -
Vous me distes, Maitresse, estant à la fenestre,
Regardant vers Mont-martre et les champs d'alentour :
La solitaire vie, et le desert sejour
Valent mieux que la Cour, je voudrois bien y estre.
A l'heure mon esprit de mes sens seroit maistre,
En jeusne et oraisons je passerais le jour :
Je desfirois les traicts et les flames d'Amour
Ce cruel de mon... -
Quand je suis vingt ou trente mois
Sans retourner en Vendômois,
Plein de pensées vagabondes,
Plein d'un remords et d'un souci,
Aux rochers je me plains ainsi,
Aux bois, aux antres et aux ondes.
Rochers, bien que soyez âgés
De trois mil ans, vous ne changez
Jamais ni d'état ni de forme ;
Mais toujours ma jeunesse fuit,
Et la vieillesse... -
Le boyteus mari de Vénus
Aveques ses Cyclopes nus
R'alumoir un jour les flammeches
De sa forge, à fin d'echaufer
Une grande masse de fer
Pour en faire à l'Amour des fleches.
Venus les trampoit dans du miel,
Amour les trampoit dans du fiel,
Quand Mars, retourné des alarmes,
En se moquant, les meprisoit
Et branlant son dard, lui disoit :... -
Je voudrais bien richement jaunissant
En pluie d'or goutte à goutte descendre
Dans le beau sein de ma belle Cassandre,
Lors qu'en ses yeux le somme va glissant.
Je voudrais bien en taureau blanchissant
Me transformer pour finement la prendre,
Quand en avril par l'herbe la plus tendre
Elle va, fleur, mille fleurs ravissant.
Je voudrais bien...