• Elle nous proposa ses fleurs d'une voix douce,
    Et souriant avec ce sourire qui tousse.
    Et c'était monstrueux, cette enfant de sept ans
    Qui mourait de l'hiver en offrant le printemps.
    Ses pauvres petits doigts étaient pleins d'engelures.
    Moi je sentais le fin parfum de tes fourrures,
    Je voyais ton cou rose et blanc sous la fanchon,
    Et je touchais ta...

  • Bien des siècles depuis les siècles du Chaos,
    La flamme par torrents jaillit de ce cratère,
    Et le panache igné du volcan solitaire
    Flamba plus haut encor que les Chimborazos.

    Nul bruit n'éveille plus la cime sans échos.
    Où la cendre pleuvait l'oiseau se désaltère ;
    Le sol est immobile et le sang de la Terre,
    La lave, en se figeant, lui laissa le...

  • Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame,
    Viens ! ne te lasse pas de mêler à ton âme
    La campagne, les bois, les ombrages charmants,
    Les larges clairs de lune au bord des flots dormants,
    Le sentier qui finit où le chemin commence,
    Et l'air et le printemps et l'horizon immense,
    L'horizon que ce monde attache humble et joyeux
    Comme une lèvre au bas...

  • Parfois un enfant trouve une petite graine
    Et tout d'abord, charmé de ses vives couleurs,
    Pour la planter il prend un pot de porcelaine
    Orné de dragons bleus et de bizarres fleurs.

    Il s'en va. La racine en couleuvres s'allonge,
    Sort de terre, fleurit et devient arbrisseau ;
    Chaque jour, plus avant, son pied chevelu plonge,
    Tant qu'il fasse éclater...

  • A Sully Prudhomme.

    Pour faire tous les coeurs contents
    Avril revient. C'est le printemps
    Qui pleure, qui rit et barbotte,
    Et qui, chargé de falbalas,
    Nous offre ses premiers lilas
    "Fleurissez-vous ! deux sous la botte !"

    Puis, comme un rêve parfumé,
    Les petites roses de mai,
    Et les dernières violettes,
    ...

  • Des fleurs fines et mousseuses comme l'écume
    Poussaient au bord de nos chemins
    Le vent tombait et l'air semblait frôler tes mains
    Et tes cheveux avec des plumes.

    L'ombre était bienveillante à nos pas réunis
    En leur marche, sous le feuillage ;
    Une chanson d'enfant nous venait d'un village
    Et remplissait tout l'infini.

    Nos étangs s'étalaient...

  • Les fleurs du clair accueil au long de la muraille
    Ne nous attendent plus quand nous rentrons chez nous,
    Et nos étangs soyeux dont l'eau plane s'éraille
    Ne se prolongent plus sous les cieux purs et doux.

    Tous les oiseaux ont fui nos plaines monotones
    Et les pâles brouillards flottent sur les marais.
    O ces deux cris : automne, hiver ! hiver, automne !...

  • Si d'autres fleurs décorent la maison
    Et la splendeur du paysage,
    Les étangs purs luisent toujours dans le gazon,
    Avec les grands yeux d'eau de leur mouvant visage.

    Dites de quels lointains profonds et inconnus
    Tant de nouveaux oiseaux sont-ils venus,
    Avec du soleil sur leurs ailes ?

    Juillet a remplacé Avril dans le jardin
    Et les tons bleus...