LES morts ont peur de l’automne
Qui, chassant l’été vermeil,
Fait autour de leur sommeil
Souffler son vent monotone.

Les feuilles dont le velours
Rouillé par la canicule,
Sur leur gazon s’accumule
Leur font leurs linceuls plus lourds.

...

 
À MADEMOISELLE ROUSSEL

I

CELUI qui passait triomphant
Debout dans sa grâce farouche,
Sous l’or de ses cheveux d’enfant
Dont le flot attirait ma bouche,
Celui dont la feinte douceur
M’atteignit de blessures telles,
C’était...

 
IL n’est chansons qu’au temps d’avril
Quand, sur les lilas en péril,
Le vent frileux palpite et pleure.
Il n’est chansons qu’au matin clair
Où, dans la caresse de l’air,
Tinte la jeunesse de l’heure !

Il n’est amour qu’au temps de mai
Quand la...

 
Las des rapides jours et des lentes années,
Des soirs tristes, des nuits mornes, des gais matins,
Vers les Temps éternels, continus et lointains
Que ne troubleront plus les heures obstinées,

Vers les Temps éternels mon rêve s’est enfui
Par delà l’horizon...

 
À OGIER D’IVRY

AVEC ses grands yeux noirs et sa bouche de mûre,
Et de ses lourds cheveux la nocturne toison,
Elle a mis dans mon cœur l’effroyable poison
Dont on aime à souffrir malgré qu’on en murmure.

Astre pâle qu’on voit à travers la...

 
DANS les grands bois que l’automne
A lentement dépouillés,
Sous les arbres effeuillés
Que berce un vent monotone,

Devant les tristes couchants
Rayés de pourpre et de cuivre,
Mon souvenir aime à suivre
Le déclin des jours penchants.

Des...

 
À CHARLES CANIVET

QUAND la mort nous fera roides et sans haleine,
Squelettes tous les deux, l’un à l’autre pareils,
Et que, pour d’autres yeux, le penchant des soleils
Roulera des flots d’or sur la mouvante plaine ;

A l’heure où le berger...

 
Errant sous le dôme emperlé
Des verdures ensommeillées ;
Parfois, au sortir des feuillées,
L’œil clair des sources m’a troublé.

— L’eau regarde : — et l’aurore éveille,
Dans ce regard lent et discret,
Comme l’étonnement secret
D’un jeune esprit...

 
GRAND artiste couché sous la terre éplorée,
Vaincu frappé debout sous la pierre étendu,
Rêveur déchu du haut de ton rêve éperdu,
Je veux chanter envers ta mémoire sacrée.

L’outil dur des graveurs dans la main inspirée,
Comme un stylet de feu vers l’idéal...

 
LE temps emporte d’un coup d’aile
Et, sans les compter, nos instants ;
Seuls, une heure, de temps en temps,
Nous laisse un doux souvenir d’elle.

Chaque jour, dans le cœur fidèle,
Fait revivre ses traits flottants,
Comme on revoit chaque printemps...