L’ombre noyait les bois. C’était un soir antique.

Les dieux puissants vaincus par le Dieu pathétique
Après mille ans d’Olympe avaient quitté la terre,
Et la syrinx pleurait dans Tempé solitaire.
Sur la mer en émoi, vers l’orient mystique,

Une aube se levait....

 
Assis au bord du lac où baignent leurs pieds nus,
Amphise et Melitta, depuis qu’ils sont venus,
Immobiles, les doigts unis les lèvres closes,
S’enivrent du beau soir d’or limpide et de roses,
Et remplissent leur âme à la splendeur qui sort
Des grands monts...

 
Axilis, allongé sur l'herbe de la rive,
Suit d'un œil nonchalant le clair ruisseau d'eau vive
Qui court, léger d'aurore, au milieu des prés verts.
Le bois s'éveille à peine, et les champs sont déserts...
Axilis laisse errer sur sa flûte d'ébène
Des doigts...

 
Pour apaiser l’enfant qui, ce soir, n’est pas sage,
Églé, cédant enfin, dégrafe son corsage,
D’où sort, globe de neige, un sein gonflé de lait.
L’enfant, calmé soudain, a vu ce qu’il voulait,
Et de ses petits doigts pétrissant la chair blanche
Colle une...

 
Ardagôn le boucher, à la rouge encolure,
Un grand couteau luisant passé dans sa ceinture,
Pousse hors de l'étable et conduit au hangar
Le bœuf sur qui la vache attache un long regard.
Les enfants du village, et Psyllé la première,
Déjà chassés vingt fois par...

 
Bathylle, dans la cour où glousse la volaille,
Sur l'écuelle penché, souffle dans une paille ;
L'eau savonneuse mousse et bouillonne à grand bruit,
Et déborde. L'enfant qui s'épuise sans fruit
Sent venir à sa bouche une âcreté saline.
Plus heureuse, une...

 
Clydie, au crépuscule assise dans les fleurs,
Regarde, à l’orient, de ses beaux yeux rêveurs
Les constellations, claires géométries,
Au velours bleu du soir fixer leurs pierreries.
Mélanthe les indique et, le doigt vers les cieux,
Les nomme par leurs noms...

 
Le cortège léger glisse aux plaines liquides ;
Une rose lueur teinte le flot changeant ;
C’est la jeune Amphitrite, en sa conque d’argent,
Qui passe sur la mer avec ses Néréides.
L’archipel a surgi vers les lointains limpides…
Les Tritons font sonner leurs...

 
Damœtas le poète et Methymne le sage,
Dans l’agreste douceur d’un calme paysage
Où brille une eau courante, où paissent des troupeaux,
Assis près de la ruche, alternent leurs propos.
Methymne gravement dit l’essence des choses,
L’air, l’eau, le feu, la terre...

 
Vision de forêts dans l’eau glauque - Émeraude.
Étangs luisant dans les jardins comme des yeux,
Beaux yeux cruels pareils aux bois mystérieux
Où la panthère d’or, amour, ondule et rôde.

Printemps de la couleur. Rêve sentimental
De feuillée en fraîcheur...