• Voici trois ans qu'est morte ma grand'mère,
    La bonne femme, - et, quand on l'enterra,
    Parents, amis, tout le monde pleura
    D'une douleur bien vraie et bien amère.

    Moi seul j'errais dans la maison, surpris
    Plus que chagrin ; et, comme j'étais proche
    De son cercueil, - quelqu'un me fit reproche
    De voir cela sans larmes et sans cris.

    Douleur...

  • Quand je voudrai sonner de mon grand Avanson
    Les moins grandes vertus, sur ma corde plus basse
    Je dirai sa faconde et l'honneur de sa face,
    Et qu'il est des neuf Soeurs le plus cher nourrisson.

    Quand je voudrai toucher avec un plus haut son
    Quelque plus grand vertu, je chanterai sa grâce,
    Sa bonté, sa grandeur, qui la justice embrasse,
    Mais là je ne...

  • Le grand flambeau gouverneur de l'année,
    Par la vertu de l'enflammée corne
    Du blanc thaureau, prez, montz, rivaiges orne
    De mainte fleur du sang des princes née.

    Puis de son char la rouë estant tournée
    Vers le cartier prochain du Capricorne,
    Froid est le vent, la saison nue et morne,
    Et toute fleur devient seiche et fanée.

    Ainsi, alors...

  • Non pour ce qu'un grand roi ait été votre père,
    Non pour votre degré et royale hauteur,
    Chacun de votre nom veut être le chanteur,
    Ni pour ce qu'un grand roi soit ores votre frère.

    La nature, qui est de tous commune mère,
    Vous fit naître, Madame, avecques ce grand heur,
    Et ce qui accompagne une telle grandeur,
    Ce sont souvent des dons de fortune...

  • Dessous ce grand François, dont le bel astre luit
    Au plus beau lieu du ciel, la France fut enceinte
    Des lettres et des arts, et d'une troupe sainte
    Que depuis sous Henri féconde elle a produit :

    Mais elle n'eut plutôt fait montre d'un tel fruit,
    Et plutôt ce beau part n'eut la lumière atteinte,
    Que je ne sais comment sa clarté fut éteinte,
    Et vit en...

  • Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché,
    Qui pour son ornement quelque trophée porte,
    Lever encore au ciel sa vieille tête morte,
    Dont le pied fermement n'est en terre fiché,

    Mais qui dessus le champ plus qu'à demi penché
    Montre ses bras tout nus et sa racine torte,
    Et sans feuille ombrageux, de son poids se supporte
    Sur un tronc nouailleux en cent...