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    J’aime tes yeux d’azur qui, tout pailletés d’or,
    Ont une lueur bleue et blonde,
    Tes yeux câlins et clairs où le rêve s’endort,
    Tes grands yeux bougeurs comme l’onde.

    Jusque dans leurs...

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    Un lugubre coquerico
    Retentit soudain sur le chaume.
    Or la nuit qui jamais ne chôme
    Commence à faire son tricot.

    Rouge comme un coquelicot,
    Le soleil ferme son royaume.
    Un lugubre coquerico
    Retentit soudain sur le chaume.

    Et Jean hâte son bourriquot,
    Car le coq du clocher fantôme
    Ouvre ses deux ailes de gnome ;
    Et c’...

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    Ces rout’ à tas d’cailloux où des beaux ch’vaux d’calèches
    S’rencontr’ avec des ân’, des perch’rons, des mulets,
    Où pass’ carriol’, patach’, tap’-culs, cabriolets
    Att’lés d’bidets pansus quand c’est pas d’ross’ ben sèches,

    Pour moi, c’est des ch’mins d’vill’, censément comm’ des rues
    Qui s’allong’raient sans fin et n’auraient pas d’pavés,
    Et tout c’...

  • Il tire aussi bien qu’il pérore,
    Le grand curé sec et rustaud.
    — Pour s’en aller chasser plus tôt,
    Il dit sa messe dès l’aurore.

    Ce n’est pas en vain qu’il explore
    Le bois, la brande et le plateau !
    Il tire aussi bien qu’il pérore,
    Le grand curé sec et rustaud.

    Mais son tricorne qu’il décore
    D’une plume de cailleteau
    Se profile au...

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    Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire
    Par son être magique où s’incarne le sphinx ;
    Par le charme câlin de la lueur si claire
    Qui s’échappe à longs jets de ses deux yeux de lynx,
    Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire.

    Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
    Il ondule, se cambre et regimbe aux doigts lourds ;
    Et lorsque...

  • « Est-il sur un arbre où dans un creux de roche ?
    « C’est drôle, ce cri qui part on ne sait d’où !
    « Et puis, cet horrible et triste miaou
    « Tantôt vient de loin et tantôt se rapproche.

    « En vain je regarde ! En vain ma canne embroche
    « Les buissons, et rôde au fond de chaque trou !
    « Est-il sur un arbre ou dans un creux de roche ?
    « C’est drôle, ce...

  • — « Oh ! chère mignonne, tu saignes ! »
    Et je suçai son joli doigt,
    Comme tout amoureux le doit.
    Gare aux piqûres de châtaignes !

    Libres des grands et petits peignes,
    Ses cheveux flottaient dans l’air froid.
    — « Oh ! chère mignonne, tu saignes ! »
    Et je suçai son joli doigt.

    — « Fi ! c’est mal qu’ainsi tu m’étreignes. »
    C’était l’heure...

  • « Mais pourquoi voler avec tant de mystère
    « Et si longuement dans ces grands corridors ?
    « Vous seriez si bien à votre aise dehors,
    « Dans le brouillard frais qui tombe sur la terre.

    « Vous avez sans doute un vol involontaire,
    « Ô chauves-souris noires comme un remords !
    « Mais pourquoi voler avec tant de mystère
    « Et si longuement dans ces grands...

  • Voici que la rosée éparpille ses perles
    Qui tremblent sous la brise aux feuilles des buissons.
    — Vague du spleen, en vain contre moi tu déferles !
    Car, dans les chemins creux où sifflotent les merles,
    Et le long des ruisseaux qui baignent les cressons,
    La fraîcheur du matin m’emplit de gais frissons.

    Mystérieuse, avec de tout petits frissons,
    La...

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    Sa toux qui retentit comme une plainte humaine
    Secoue obstinément son grand corps accablé ;
    Mufle bas, jarrets mous, sur sa paille de blé,
    Il n’a mangé ni bu depuis une semaine.

    En vain, à petits pas, un enfant le promène
    Et chasse les taons lourds dont il est harcelé,
    Sa toux qui retentit comme une plainte humaine
    Secoue obstinément son grand...