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    Le couchant répandra la neige des opales,
    Et l’air sera chargé d’odeurs orientales.

    Les caïques furtifs jetteront leur éclair
    De poissons argentins qui traversent la mer.

    Ce sera le hasard qu’on aime et qu’on redoute…
    A pas lents, mon destin marchera sur la route.

    Je le reconnaîtrai parmi les inconnus
    Malgré les ciels changés et les temps...

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            I. Sur le Mode majeur

        Je sens croître l’ennui des livres vieux et sages,
        Donnez-moi, donnez-moi des mâts et de codages !

        Je ris en jetant l’ancre ! Au hasard du vent fou,
        Du flot capricieux, j’irai je ne sais où.

        Mon corps est moins pesant et mon âme s’allège,
        Car je ne reviendrai jamais… Où donc irai-je ?...

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        Tu veux savoir de moi le secret des sorcières ?
        J’allumerai pour toi leurs nocturnes lumières,
        Et je t’apprendrai l’art très simple des sorcières.

        Les sorcières ne sont vivantes que la nuit.
        Elles dorment pendant le jour. Leur regard fuit.
        N’étant habitué qu’à l’ombre de la nuit.

        Les sorcières ont des âmes calmes et...

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        Entre dans mon royaume, envahis mon empire.
        La grande salle a des colonnes de porphyre…
        Nous y célébrerons les lumineux festins
        Et nous réjouirons avec les morts hautains
        Et les mortes charmantes.

        Les princesses et les reines et les amantes,
        Paradant et riant comme en leurs plus beaux jours,
        Revêtiront pour nous...

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        Aidez-moi dans ma fuite, ô les beaux vents fidèles !
        Car je sens remuer en moi mes longues ailes !
        Et sans craindre l’effroi des espaces amers,
        J’obéis à l’appel impérieux des mers !

        Je ne sais où j’irai, ni quel souffle m’emporte…
        Mais je ne reviendrai que triomphante ou morte,
        Je n’obéis qu’à vous, à votre étrange loi....

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            De ta robe à longs plis flottants
            Ruissellent toutes les chimères,
            Et tu m’apportes le printemps
            Dans tes mains blondes et légères.

            J’ai peur de ce frisson nacré
            De tes frêles seins, je ne touche
            Qu’en tremblant à ton corps sacré,
            J’ai peur du charme de ta bouche.

            ...

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            Le couchant adoucit le sourire du ciel.
            La nuit vient gravement, ainsi qu’une prêtresse.
            La brise a déroulé, d’un geste de caresse,
            Tes cheveux aux blondeurs de maïs et de miel.

            Tes lèvres ont gardé le pli de la parole
            Dont mon rêve attentif s’est longtemps enchanté.
            Une voix de souffrance a...

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            Le vol de la chauve-souris,
            Tortueux, angoissé, bizarre,
            Aux battements d’ailes meurtris,
            Revient et s’éloigne et s’égare.

            N’as-tu pas senti qu’un moment,
            Ivre de ses souffrances vaines,
            Mon âme allait éperdument
            Vers tes chères lèvres lointaines ?

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            L’orgueil des lourds anneaux, la pompe des parures,
            Mêlent l’éclat de l’art à ton charme pervers,
            Et les gardénias qui parent les hivers
            Se meurent dans tes mains aux caresses impures.

            Ta bouche délicate aux fines ciselures
            Excelle à moduler l’artifice des vers :
            Sous les flots de satin...

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            Ta forme est un éclair qui laisse les bras vides,
            Ton sourire est l’instant que l’on ne peut saisir…
            Tu fuis, lorsque l’appel de mes lèvres avides
                            T’implore, ô mon Désir !

            Plus froide que l’Espoir, ta caresse cruelle
            Passe comme un parfum et meurt comme un reflet.
            Ah ! l’...