• Naguiere chanter je voulois
    Comme Francus au bord Gaulois
    Avecq' sa troupe vint descendre,
    Mais mon luc pinçé de mon doi,
    Ne vouloit en dépit de moi
    Que chanter Amour, et Cassandre.

    Je pensoi pource que toujours
    J'avoi dit sur lui mes amours,
    Que ses cordes par long usage
    Chantoient d'amour, et qu'il faloit
    En mettre d'autres, s'on...

  • Meschantes nuicts d'hyver, nuicts filles de Cocyte
    Que la terre engendra d'Encelade les seurs,
    Serpentes d'Alecton, et fureur des fureurs,
    N'aprochez de mon lict, ou bien tournez plus vitte.

    Que fait tant le soleil au gyron d'Amphytrite ?
    Leve toy, je languis accablé de douleurs,
    Mais ne pouvoir dormir c'est bien de mes malheurs
    Le plus grand, qui ma...

  • Ciel, air et vents, plains et monts découverts,
    Tertres vineux et forêts verdoyantes,
    Rivages torts et sources ondoyantes,
    Taillis rasés et vous bocages verts,

    Antres moussus à demi-front ouverts,
    Prés, boutons, fleurs et herbes roussoyantes,
    Vallons bossus et plages blondoyantes,
    Et vous rochers, les hôtes de mes vers,

    Puis qu'au partir,...

  • Ah longues nuicts d'hyver de ma vie bourrelles,
    Donnez moy patience, et me laissez dormir,
    Vostre nom seulement, et suer et fremir
    Me fait par tout le corps, tant vous m'estes cruelles.

    Le sommeil tant soit peu n'esvente de ses ailes
    Mes yeux tousjours ouvers, et ne puis affermir
    Paupiere sur paupiere, et ne fais que gemir,
    Souffrant comme Ixion des...

  • Si je trépasse entre tes bras, Madame,
    Il me suffit, car je ne veux avoir
    Plus grand honneur, sinon que de me voir
    En te baisant, dans ton sein rendre l'âme.

    Celui que Mars horriblement enflamme
    Aille à la guerre, et manque de pouvoir,
    Et jeune d'ans, s'ébatte à recevoir
    En sa poitrine une Espagnole lame ;

    Mais moi, plus froid, je ne requiers...

  • Pourtant si ta maîtresse est un petit putain,
    Tu ne dois pour cela te courroucer contre elle.
    Voudrais-tu bien haïr ton ami plus fidèle
    Pour être un peu jureur, ou trop haut à la main ?

    Il ne faut prendre ainsi tous péchés à dédain,
    Quand la faute en péchant n'est pas continuelle ;
    Puis il faut endurer d'une maîtresse belle
    Qui confesse sa faute, et s'...

  • Par un destin dedans mon coeur demeure,
    L'oeil, et la main, et le crin délié
    Qui m'ont si fort brûlé, serré, lié,
    Qu'ars, pris, lassé, par eux faut que je meure.

    Le feu, la prise, et le rets à toute heure,
    Ardant, pressant, nouant mon amitié,
    En m'immolant aux pieds de ma moitié,
    Font par la mort, ma vie être meilleure.

    Oeil, main et crin,...

  • Je veux aymer ardentement,
    Aussi veus-je qu'egallement
    On m'ayme d'une amour ardente :
    Toute amitié froidement lente
    Qui peut dissimuler son bien
    Ou taire son mal, ne vaut rien,
    Car faire en amours bonne mine
    De n'aymer point c'est le vray sine*.

    Les amans si frois en esté
    Admirateurs de chasteté,
    Et qui morfondus petrarquisent,...

  • Mikor fölnyíló ajkaidnak
    virágos ösvényein át
    felém leheli a rózsaillat:
    ajkaim a csók mámorát
    szomjazva mélyen elpirulnak
    és elborítanak a vágy
    gyönyörével, ha rádborulnak.
    Mert a csók nedvei lehullnak
    a szívbe, s elcsendesitik
    a szemed lángjától kigyulladt
    szerelmi máglya tüzeit.

    (Rónay György)