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    O soir charmant ! La nuit aux voix mystérieuses
    Nous caressait tous trois de ses molles clartés ;
    Et nous contemplions, moi rêveur, vous rieuses,
    De la lune et des flots les magiques beautés.

    Le steamer qu’emportait la roue au vol sonore,
    Eparpillait au loin, sur le fleuve écumeux,
    Des gerbes de lumière et des reflets d’aurore,
    Qui s’...

  • Des avalanches d’or du vieil azur, au jour
    Premier, et de la neige éternelle des astres
    Jadis tu détachas les grands calices pour
    La terre jeune encore et vierge de désastres,

    Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin,
    Et ce divin laurier des âmes exilées
    Vermeil comme le pur orteil du séraphin
    Que rougit la pudeur des aurores foulées,

    L’...

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    C’était un lieu charmant, une roche isolée,
    Seule, perdue au loin dans la bruyère eu fleur ;
    La ronce y rougissait, et le merle siffleur
    Y jetait les éclats de sa note perlée.

    C’était un lieu charmant. Là, quand les feux du soir
    Empourpraient l’horizon d’une lueur mouvante,
    En écartant du pied la luzerne odorante,
    Tout rêveurs, elle et moi,...

  • Sonnet

    Il y a des moments où les femmes sont fleurs ;
    On n'a pas de respect pour ces fraîches corolles...
    Je suis un papillon qui fuit des choses folles,
    Et c'est dans un baiser suprême que je meurs.

    Mais il y a parfois de mauvaises rumeurs ;
    Je t'ai baisé le bec, oiseau bleu qui t'envoles,
    J'ai bouché mon oreille aux funèbres paroles ;
    ...

  • Des avalanches d'or du vieil azur, au jour
    Premier et de la neige éternelle des astres
    Jadis tu détachas les grands calices pour
    La terre jeune encore et vierge de désastres,

    Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin,
    Et ce divin laurier des âmes exilées
    Vermeil comme le pur orteil du séraphin
    Que rougit la pudeur des aurores foulées,

    L'...

  • Minuit au vieux beffroi : l'ombre dort, et la lune
    Se joue en l'aile noire et morne dont la nuit,
    Sombre corbeau, nous voile. Au ciel l'étoile fuit.
    - Mille voix du plaisir voltigent à moi : l'une

    M'apporte ris, baisers, chants de délire : suit
    Une fanfare où Strauss fait tournoyer la brune
    Au pied leste, au sein nu, que sa jupe importune.
    - Tes masques...

  • Comme au printemps de l'autre année,
    Au mois des fleurs, après les froids,
    Par quelque belle matinée,
    Nous irons encore sous bois.

    Nous y verrons les mêmes choses,
    Le même glorieux réveil,
    Et les mêmes métamorphoses
    De tout ce qui vit au soleil.

    Nous y verrons les grands squelettes
    Des arbres gris, ressusciter,
    Et les yeux...

  • Fleurs sur fleurs ! fleurs d'été, fleurs de printemps, fleurs blêmes
    De novembre épanchant la rancoeur des adieux
    Et, dans les joncs tressés, les fauves chrysanthèmes ;

    Les lotus réservés pour la table des dieux ;
    Les lis hautains, parmi les touffes d'amarante,
    Dressant avec orgueil leurs thyrses radieux ;

    Les roses de Noël aux pâleurs...

  • Nocturne


    Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !
    Je ne sais quel orage a passé sur ces bords.
    Des chants de l'espérance il éteint les accords,
    Et dans la nuit qui m'environne,
    Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne.

    Jette-moi tes présents, lune mystérieuse,
    De mon front qui pâlit ranime les couleurs ;
    J'ai perdu ma...

  • Sous un berceau de fleurs, un bel enfant repose
    Dans les bras maternels, - deux ivoires polis.
    Vermeil, demi-penché, l'on dirait d'une rose
    Qu'un souffle de printemps incline entre deux lis.

    Déroulée en anneaux, sa chevelure est blonde
    Comme un bouquet d'épis aux mains du moissonneur.
    Bleus comme les lotus qui se mirent dans l'onde,
    Ses yeux en ont...