• Clown admirable, en vérité !
    Je crois que la postérité,
    Dont sans cesse l'horizon bouge,
    Le reverra, sa plaie au flanc.
    Il était barbouillé de blanc,
    De jaune, de vert et de rouge.

    Même jusqu'à Madagascar
    Son nom était parvenu, car
    C'était selon tous les principes
    Qu'après les cercles de papier,
    Sans jamais les estropier
    Il...

  • A Caroline Letessier

    I

    Au temps des pastels de Latour,
    Quand l'enfant-dieu régnait au monde
    Par la grâce de Pompadour,
    Au temps des beautés sans seconde ;

    Au temps féerique où, sans mouchoir,
    Sur les lys que Lancret dessine
    Le collier de taffetas noir
    Lutte avec la mouche assassine ;

    Au temps où la Nymphe du vin...

  • Il est de par le monde une cité bizarre,
    Où Plutus en gants blancs, drapé dans son manteau,
    Offre une cigarette à son ami Lazare,
    Et l'emmène souper dans un parc de Wateau.

    Les centaures fougueux y portent des badines;
    Et les dragons, au lieu de garder leur trésor,
    S'en vont sur le minuit, avec des baladines,
    Faire un maigre dîner dans une maison...

  • Bonsoir, chère Évohé. Comment vous portez-vous ?
    Vous arrivez bien tard ! Comme vos yeux sont doux
    Ce soir ! deux lacs du ciel ! et la robe est divine.
    Quel écrin ! vous aimez Diaz, on le devine.
    Vos poignets amincis sortent comme des fleurs
    De cette mousseline aux replis querelleurs ;
    Ce col simple est charmant, ce chapeau de peluche
    Blanche, ce tour...

  • Entre les plis de votre robe close
    On entrevoit le contour d'un sein rose,
    Des bras hardis, un beau corps potelé,
    Suave, et dans la neige modelé,
    Mais dont, hélas ! un avare dispose.

    Un vieux sceptique à la bile morose
    Médit de vous et blasphème, et suppose
    Qu'à la nature un peu d'art s'est mêlé
    Entre les plis.

    Moi, qu'éblouit votre...

  • Il chante encor, l'essaim railleur des fées,
    Bien protégé par l'épine et le houx
    Que le zéphyr caresse par bouffées.
    Diane aussi, l'épouvante des loups,
    Au fond des bois cache son coeur jaloux.
    Son culte vit dans plus d'une chaumière.
    Quand les taillis sont baignés de lumière,
    A l'heure calme où la lune paraît,
    Échevelée à travers la clairière,
    ...

  • Le Carnaval s'amuse!
    Viens le chanter, ma Muse,
    En suivant au hasard
    Le bon Ronsard !

    Et d'abord, sur ta nuque,
    En dépit de l'eunuque,
    Fais flotter tes cheveux
    Libres de noeuds !

    Chante ton dithyrambe
    En laissant voir ta jambe
    Et ton sein arrosé
    D'un feu rosé.

    Laisse même, ô Déesse,
    Avec ta blonde...

  • Accablé de soif, l'Amour
    Se plaignait, pâle de rage,
    A tous les bois d'alentour.
    Alors il vit, sous l'ombrage,
    Des enfants à l'oeil d'azur
    Lui présenter un lait pur
    Et les noirs raisins des treilles.
    Mais il leur dit : Laissez-moi,
    Vous qui jouez sans effroi,
    Enfants aux lèvres vermeilles !
    Petits enfants ingénus
    Qui folâtrez demi-nus,...

  • Près du ruisseau, sous la feuillée,
    Menons la Muse émerveillée
    Chanter avec le doux roseau,
    Puisque la Muse est un oiseau.

    Puisque la Muse est un oiseau,
    Gardons que quelque damoiseau
    N'apprenne ses chansons nouvelles
    Pour aller les redire aux belles.

    Un méchant aux plus fortes ailes
    Tend mille pièges infidèles.
    Gardons-la bien de...

  • Au bois de Boulogne, l'Hiver,
    La terre a son manteau de neige.
    Mille Iris, qui tendent leur piège,
    Y passent comme un vif éclair.

    Toutes, sous le ciel gris et clair,
    Nous chantent le même solfège ;
    Au bois de Boulogne, l'Hiver,
    La terre a son manteau de neige.

    Toutes les blancheurs de la chair
    Y passent, radieux cortège ;
    Les...