• LA STATUETTE

    C’était un jeu de quilles

    Dont la quille du milieu,
    Peinte en rouge, peinte en bleu,
    Était une statuette faite

    Au temps des Dieux.

     

    ...
  • C’est adorable à voir les peintures exquises :
    Carnavals de Boucher et danses de Watteau,
    Silvains musqués, gothons à talon haut, marquises
    Et ducs, sous le loup noir gardant l’incognito ;

    Amants toujours heureux, beautés jamais avares,
    Peuplant de frais baisers les salles d’un château,
    Ou bien appareillant, en toilettes bizarres,
    Pour Cythère, sur...

  •  
    Le soleil fond la neige et fait rayonner l’eau ;
    Dans les branches frémit la sève prisonnière ;
    Et l’érable, sentant la chaleur printanière,
    Verse ses pleurs de miel au godet de bouleau.

    Dans le lointain d’azur une rose fumée
    Flotte sur le bois plein de bruits harmonieux ;
    Elle monte d’un feu de sarments résineux
    Où chauffe en gazouillant une...

  • J’entendais parler tout à l’heure
    D’une femme supérieure.
    Ce n’est, ma Mignonne… pas Toi…
    Car… que sais-tu faire en ce monde,
    Petite reine toute ronde
    Faite au tour pour le bal du roi ?

    Oui, raconte-nous tes affaires ;
    Ah ! voilà longtemps que les verres
    De ta quenouille sont cassés !
    Tu ne sais faire, ni couture…
    Les pommes au lard...

  • Couche-toi sur la grève et prends en tes deux mains,
    Pour le laisser couler ensuite, grain par grain,
    De ce beau sable blond que le soleil fait d’or ;
    Puis, avant de fermer les yeux, contemple encor
    La mer harmonieuse et le ciel transparent,
    Et, quand tu sentiras, peu à peu, doucement,
    Que rien ne pèse plus à tes mains plus légères,
    Avant que de...

  • Sur la nacelle
    Une ombrelle
    De satin.

    La tache est rouge
    L’eau ne bouge
    Ce matin.

    Sous l’ombre chaude
    Un reflet rôde
    D’émeraude.

    Et de prés frais
    Et de forêts
    On sent à peine
    L’haleine.

    Pour un midi brûlant d’été,
    Un...

  •  

    La tempête a fermé son aile furibonde,
    Qui tout à l’heure encor fouettait les matelots ;
    La rafale du large étouffe ses sanglots ;
    Mais la vague toujours déferle, écume et gronde.

    La nuit tombe. Vers l’est pâli l’étoile blonde
    S’allume comme un phare illuminant les eaux.
    À terre tout se tait, la brise, les oiseaux,
    La charmille touffue et la...

  • Prolonge la nuit, Déesse qui nous brûles !
    Éloigne de nous l’aube aux sandales d’or.
    Déjà, sur l’étang, les vertes libellules
              Ont pris leur essor.

    Tes cheveux, flambant sous l’ombre de tes voiles,
    Atthis, ont gardé le feu rouge...

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    Au poète Auguste Dorchain.

    Sous le ciel printanier, où le soleil levant
    Commence de verser sa lueur incertaine,
    Le lac voisin, moiré par l’haleine du vent,
    Berce un léger esquif sur son azur mouvant,
    Embaumé des senteurs subtiles du troène,
    Sous le ciel printanier, où le soleil levant
    Commence de verser sa lueur incertaine....

  • Sur les marbres massifs plane la paix de l’air.
    La nature, qui hait la fièvre et le factice,
    Décore les tombeaux, passive protectrice,
    De rosée au printemps et de neige en hiver.

    Le souffle égal des Morts s’en va vers le ciel clair.
    Ils...