• Quand le Gentilhomme d’en Haut
    Eut tiré de l’affreux chaos
    Cet autre chaos qu’est le monde,
    D’un seul clignement de ses yeux,
    Le soleil, la terre, les cieux,
    Et l’homme brun, la femme blonde ;
    Quand à cette création
    Il eut donné le coup de fion ;

    « Ne reste plus qu’à la défaire
    — Dit-il...

  • Les roses de l’été — couleur, parfum et miel —
    Peuplent l’air diaphane ;
    Mais la guerre parsème effrayamment le ciel
    De grands aéroplanes.

    Ils s’envolent si haut qu’on ne les entend pas
    ...

  • Printemps, par tes premiers beaux jours,

    Où l’on s’en va avec la simple joie
    D’aller, droit devant soi
    Toujours,
    Les champs semblent si doucement frémir à l’air
    Qu’on les dirait vierges et clairs
    Comme aux saisons les plus jeunes du monde.
    Les fleurs bonnes, les eaux profondes
    Et les mousses d’argent et d’or,...

  •  
    Seigneur, tu sais combien, avec quel cœur brûlant,
    Ma prière t’invoque pour les êtres étrangers.
    Je viens maintenant te prier pour quelqu’un qui était à moi,
    Qui était mon verre d’eau fraîche, le rayon de miel de ma bouche,

    La chaux de mes os, la douce raison d’être de mes jours,
    Le ramage de mes oreilles, la ceinture de mon vêtement.
    Je me soucie...

  • Que bondisse soudain mon âme aventurière
    Vers l’avenir,
    Et tout à coup je sens encor,
    Comme au temps de l’enfance, au fond de moi, frémir
    ...

  • L’air vibre et s’incendie à l’autre bout du monde ;
    L’air n’est plus qu’asphyxie et tonnerre chez nous ;
    Un ciel empoisonné couvre de ses remous
    Le fleuve bienfaisant et la terre féconde.

    Seigneur ! qu’ils étaient beaux les champs dans le soleil,
    Quand le soir grandissait l’attitude superbe
    D’un travailleur dressant une à une les gerbes
    Avec leur...

  • Ô ma muse microscopique,
    Si tu ne tiens pas à l’Hippique ?…
    Moi non plus… Donc, si tu m’en crois,
    Profitons de cette journée
    Qui me semble heureusement née
    Pour aller rêver dans les bois.

    Vois : l’air est langoureux et moite ;
    Au ciel des nuages d’ouate
    Vont floconnant, troupeau léger

    Qui promène sa marche lente
    Sous la...

  • Ô petites Parisiennes
    Aux mains de fée, aux doigts subtils,
    Vous qui, pour jouir des avrils,
    Ainsi que nos patriciennes,
    N’avez que quatre jours par mois,
    Les brunettes, les blondinettes,
    Allez, allez, ô Midinettes,
    Cueillir des muguets dans les bois !

    Aucune ville, par le monde,
    Ne possède, comme Paris,
    Des environs aussi...

  • Tu me parlais de ta voix belle
    Et demandais en insistant :
    Y a-t-il encore un printemps
    Et les feuilles repoussent-elles ?

    La guerre accapare le ciel,
    Les eaux, les monts, les bois, la terre ;
    Où vient la rose ? où est le miel
    Pour les abeilles volontaires ?

    Où les pousses des roncerois
    Et les boutons des anémones ?
    Où la rencontre...

  •  
    Les candidats — pour une fois —
    Au prix de Rome, de peinture,
    Avaient un sujet, que je crois
    Qu’ils pouvaient traiter — sans torture ;

    Moins délibérément « pompier »
    Que ceux imposés chaque année
    À leur verve, par Maître Pied ;
    Enfin… telle était sa donnée :

    Dans un paysage charmant,
    Imaginez le vieux Silène
    Ivre-mort,...