• Vous ne reverrez plus les monts, les bois, la terre,
    Beaux yeux de mes soldats qui n’aviez que vingt ans
    Et qui êtes tombés, en ce dernier printemps,
    Où plus que jamais douce apparut la lumière.

    On n’osait plus songer au réveil des champs d’or
    Que l’aube revêtait de sa gloire irisée ;
    La guerre occupait tout de sa sombre pensée
    Quand au fond des...

  • Oh ! cette ombre de jour tombant du ciel hagard !
    Et ces feuilles jonchant le sol, de rouille et d’ambre ;
    Voici le deuil, voici la mort, voici décembre :
    Des bœufs qu’on ne voit pas meuglent dans le brouillard.

    Pauvres chaumes au bout des plaines infinies,
    Au bout des bois hagards et des chemins noyés,
    Avec vos vieilles gens assis près des foyers
    ...

  • Il est une contrée omise
    Sur la carte de l’univers,
    Où les femmes sont en chemise
    Même dans le sein des hivers.

    Mais, par une étrange manie,
    Bien qu’en montrant tous leurs appas,
    Elles dérobent le génie
    De leurs mollets sous de longs bas.

    Ce sont d’irréductibles viandes
    Qui cagnent...

  • Il est un ciel limpide où s’éteint le zéphyr,
    Où la clarté se meurt sur les champs d’asphodèles,
    Et là-bas, dans le vol de leur dernier soupir,
    Vient l’âme sans espoir des Amantes fidèles.

    Là-bas, la rose même a d’étranges pâleurs,
    Les...

  • la nuit coupe ronde
    qui dans la laine bleue du calme s’enlise
    vilno ville église
    dort blanche colombe

    enjambant la ruelle cette arcade
    maison serrant la main d’une autre
    c’est figée soudain

    le reverbére leur blafarde
    se panche sur la pave clignote
    et le vent fait vibre le jardin

    la vilia s’allonge
    gronde contre...

  • Il pleut, que la mer
    n’a pas autant d’eau
    que ce triste hiver !
    Et pas un bateau

    Sur le lac d’Auber
    où - pleurez, roseau ! -
    le zéphir amer
    emporte un chapeau !

    C’est celui du tri -
    ste sant - alari
    que son âme n’a

    encor pour mari ;
    cependant qu’a ri
    Mossieu Roffina !

  • Sur sa butte que le vent gifle,
    Il tourne et fauche et ronfle et siffle
    Le vieux moulin des péchés vieux
    Et des forfaits astucieux.

    Il geint des pieds jusqu’à la tête,
    Sur fond d’orage et de tempête,
    Lorsque l’automne et les nuages
    Frôlent son toit de leurs voyages.

    L’hiver, quand la campagne est éborgnée,
    Il apparaît...

  •  
    La serviette est une servante,
    Le savon est un serviteur,
    Et l’éponge est une savante ;
    Mais le peigne est un grand seigneur.

    Oui, c’est un grand seigneur, Madame,
    Des plus nobles par la hauteur
    Et par la propreté de l’âme,
    Oui, le peigne est un grand seigneur !

    Quoi ? l’on ose dire à voix haute
    Sale comme un… Du fond du cœur...

  • LE PÈLERIN.

    Mêlant des fleurs à des ciguës,

    Et des jurons à ses prières,
    Il trimballe, par les bruyères,

    Le pèlerin, vers Montaigu.

    ...
  • Où vont les vieux paysans noirs
    Par les couchants en or des soirs
    Dans les campagnes rouges ?

    À grands coups d’ailes affolées,
    En leurs toujours folles volées,
    Les moulins fous fauchent le vent.

    Les cormorans du vieil automne
    Clament au loin — et le ciel tonne
    Comme un tocsin parmi la nuit.

    Où vont les vieux...