• On ne cesse pas de s’instruire.
    Ne me suis-je pas laissé dire
    Qu’on trouve de l’or dans le Vin ?
    Non pas de cet « or pour concierge
    Au jour de l’an »… non, de l’or vierge
    Pur, ductile, de l’or, enfin.

    Voilà qui n’est pas, je t’assure,
    Pour m’étonner outre mesure,
    Je nous crois d’accord sur ce point.
    Ce qui surprendrait, au contraire,...

  • Sur un grand ciel couleur d’ardoise et lourd

    Courent, légers comme l’étoupe,
    La petite troupe
    Des nuages d’orage.
    Le tonnerre bruit, lointain et lent ;
    D’un énorme faux jour le village s’éclaire
    Et le grand mur du presbytère
    Luit, tout à coup, sinistre et blanc.

    Un vent brusque retrousse
    La robe en or...

  •  
    Parmi les pommes d’or que frôle un vent léger
    Tu m’apparais là-haut, glissant de branche en branche ;
    Lorsque soudain l’orage accourt en avalanche
    Et lacère le front ramu du vieux verger.

    Tu fuis craintive et preste et...

  • Quand Muzzafer-Eddin dans sa Perse caduque,
    Sur son auto-lit-piano,
    Fut de retour, il fit venir son grand Eunuque,
    Et lui dit : « Mon vieux Soprano,...

  •  
    Au poète Virgile Rossel.

    Il tonne ? Non. Le lac brise sur le rivage ?
    Non. Regardons, tournés vers la forêt sauvage,
    Entre deux rocs abrupts, se dérouler sans fin
    Le fluide rideau d’argent clair et d’or fin
    Dont une extrémité tombe à pic d’une cime
    Et l’autre tourne au fond d’un insondable abîme :
    C’est l’Ouiatchouan qui plonge...

  • C’est généralement le soir
    Qu’il opère, dans un coin sombre.
    Rapport au sergot, ce rasoir,
    Dont il redoute même l’ombre.

    Lorsque vous passez près de lui,
    Il prend un air de circonstance,
    Pour vous raconter son ennui,
    Et réclamer votre assistance.

    Il se dit, tout en larmoyant,
    Un pauvre ouvrier sans ouvrage.
    Il n’a le moindre sou...

  • Autrefois, nos belles années
    S’en allaient tout droit devant elles,
    Et s’imaginaient immortelles
    Leurs éphémères destinées.

    Folles, rieuses, mal peignées
    En désordre, ces jeunes fées
    Galopaient, de ciel bleu coiffées,
    Et cueillaient les fleurs à poignées.

    Elles s’en allaient, les coquettes,...

  •  
    Ô pain des hommes, fruit merveilleux de la terre !
    Depuis que le semeur pensif et solitaire
                Aux noirs sillons t’a confié,
    Par quel tenace effort, grain de blé, puis brin d’herbe,
    Jeune épi, mûr enfin pour la faux et la gerbe,
                As-tu si bien fructifié !

    Par quel âpre vouloir, germe visible à peine,
    Qui rêvais enfoui dans...

  •  
    On a fait un palais avec des blocs de glace.
    Son portail est orné d’étranges frondaisons.
    Du sommet transparent de sa tour l’œil embrasse
    De séduisants aspects, d’immenses horizons.

    L’édifice a des tons d’agate ciselée.
    Il se rit des assauts que lui livre le vent ;
    Il nargue le soleil, et nulle giboulée
    Ne ternit son éclat radieux et mouvant...

  • Il était une fois, mesdames,
    Une cité selon mon cœur
    Où la loi voulait que les femmes
    Sans vêtement que leur pudeur

    Déambulassent dans les rues.
    Et toutes indistinctement
    Pucelles, matrones et grues.
    Cela devait être charmant.

    Or, un jour une demoiselle
    Contrevenant à cette loi
    ...