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    Elle passa comme un parfum de fleur d’automne.
    J’espérais la revoir et ne la voyais plus ;
    Mon cœur était lassé de ne trouver personne,
    Mes yeux étaient lassés d’avoir été déçus.

    Un soir, comme j’errais, pensif et rêvant d’elle,
    Que je voyais au loin les plaines s’endormir,
    Et les horizons roux devant la nuit grandir,
    Et, comme le soleil, l’...

  • Il était mort, soudain, sur son champ, à midi.

    Par le chemin passant derrière le village,
    À bras d’homme on le porta chez lui.
    Son sarrau bleu lui voilait le visage.
    Le chien, à coups d’aboi, l’accueillit dans la cour,
    Et sa fille, poussant un grand cri sourd,
    Laissa tomber par terre,
    D’entre ses mains,
    Le...

  • Affrontant d’un cœur fier la bataille mortelle,
    Le beau page est tombé sous les bois jaunissants ;
    Maintenant, au château, dans le grand lit, son sang
    Fait une étoile rouge aux blancheurs des dentelles.

    L’ombre ternit l’azur éteint de ses prunelles.
    Dans un dernier sourire au soleil qui descend,
    Il ferme ses grands yeux au regard caressant
    Et demeure...

  • Dans la serre vitrée où de rigides plantes,
    Filles d’une jeune île et d’un lointain soleil,
    Sous un ciel toujours gris, sommeillant sans réveil,
    Dressent leurs dards aigus et leurs floraisons lentes,

    Lui, tremblant, secoué par la fièvre et la toux,
    Tordant son triste corps sous des lambeaux de laine,
    Entre ses...

  • Nous ne tisserons pas les graves violettes…
    Nous ferons retentir le paktis vaste et doux
    À travers les forêts et les plaines muettes,
    Et nous arracherons le feuillage aux tons roux…
    — O compagnes, la voix large des lyres chante
              La...

  • Τῷ γρίπει Πελάγωνι πατὴρ ἐπέθηϰε Μενισϰος
    ϰύρτον ϰαὶ ϰώπαν, μνάμα ϰαϰιζοΐας ;

    Mettez le filet et la rame et les voiles,
    ...

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    La mort n’existe pas. ― Quand l’astre-roi s’éteint
    Au ponant empourpré des reflets de sa robe,
    Quand le jour pâlissant à nos yeux se dérobe
    En noyant dans son sang radieux le lointain,
    C’est pour aller renaître à l’autre bout du globe.

    Rien ne meurt à jamais, rien à jamais ne fuit ;
    La goutte d’eau qui monte au ciel du précipice,
    Captive du...

  • Le caillou luit et brûle et la mare bouillonne.

    Au détour d’un sentier zigzagant et vermeil,
    Sur des bigarreaux d’or broyés dans le soleil
    Bataille et tourbillonne
    Un flot sonore et fou de mouches tatillonnes.

    On n’entend que le bruit uniformément sourd
    De leur vol ronronnant sous le silence lourd.
    Ailes, vous...

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    À bord de la Bretagne, ce 6 décembre 1909.

    De l’occident brumeux, subitement surgi,
    Le vent râle, le vent meugle, le vent mugit
    À travers l’infini de l’Océan qui bave
    Et roule autour de nous plus d’une sombre épave.
    Le vent pleure, le vent siffle, le vent rugit,
    Et sous ses lourds assauts le vaste flot, rougi
    Par le...

  • Entrez dans les palais grands ouverts à la foule ;
    Un jour limpide y luit, l’heure paisible y coule,
    Le pied rit au miroir des parquets précieux,
    Et loin, dans le plafonds aussi hauts que les cieux,
    Bleu séjour de la muse et du Dieu sous les voiles,
    L’œil voit trembler des chars, des luths et des étoiles.

    ...