• Or, c’est dans ta rue, ô Penthièvre,
    Et, sans doute, au numéro cent :
    (Je dis Penthièvre et non de Thièvre,
    Remarquez-le bien en passant).

    Quelques bougres du meilleur monde
    Avaient adopté là des bains,
    Et s’y jouaient au sein de l’onde
    Pêle-mêle avec des larbins.

    Là, des étrangers...

  •  

    I

    Le front nimbé des purs rayons de la fierté,
    Le torse débordant de la sève féconde
    Qui gonfle les rameaux de l’arbre Liberté,
    Cent ans au Canada la France avait lutté
    Pour peupler de ses fils le sol de tout un monde.

    Cent ans Bretons, Normands, Picards et Saintongeais
    Avaient, maîtres...

  • Un poète, pâli par la faim et l’extase,
    Résolut, un matin, d’aller vendre Pégase
    À la foire voisine.

    À la foire voisine.Un éclair dans les yeux,
    Du feu dans les naseaux, le cheval glorieux,
    Dont les sots de tout temps ont redouté l’approche,
    Sur son maître...

  • c’est écrit la gare des marchandises
    c’est écrit le dépôt
    l’ascenseur et le monte-charge penchent leurs têtes pesantes
    quoi qu’il arrive

    le wagon la prison rouge des vaches
    a bouché des petits fenêtres avec des museaux de veaux
    un beuglement plein des regrets un beuglement et de nouveau
    des...

  • Un vieillard râlait sur sa couche
    Souffrant tous les maux d’ici-bas ;
    Déjà bleuissaient sur sa bouche
    Les violettes du trépas.

    Cependant, d’aurore en aurore,
    Trahi par le cruel destin,
    Pour souffrir davantage encore
    Il s’éveillait chaque matin.

    « Ô mort ! abrège mon martyre, »
    — Criait l’infortuné vieillard. —
    Il ne t’importe que j’...

  • Avec ses larges corbillards
    Ornés de plumes majuscules,
    Par les matins et les brouillards,
    La mort circule.

    Parée et noire et opulente,
    Tambours voilés, musiques lentes,
    Avec ses larges corbillards,
    Ornés de pâles lampadaires,
    La Mort s’étale et s’exagère.

    Sous les porches illuminés,

    Avec ses larges...

  • — Triste dame, mon âme,
    De quel séjour de deuil et d’or,
    Viens-tu, ce soir, parler encor,
    Triste dame, mon âme ?

    — Je viens d’un palais de flambeaux
    Dont j’ai brisé les portes closes ;
    Je tiens, entre mes mains, les roses
    Qui fleuriront sur ton tombeau…

    — Douce dame, mon âme,
    Puisque la mort doit survenir,
    J’ai la crainte de l’...

  •  
    En contournant le presbytère
    Les morts d’ici s’en vont en terre.

    Le menuisier quitte son banc
    Pour voir passer les cercueils blancs.

    La servante de l’archiprêtre
    Met ses grands yeux à la fenêtre.

    ...
  • Il existait donc sous l’Empire
    Un certain nommé Pelloquet,
    Assez artiste, ivrogne pire,
    Et pâle convive au banquet

    De la Vie. Un de ces bohèmes,
    Par la « Muse verte » grisés,
    Qui rêvant tout haut leurs poèmes
    Les tiennent pour réalisés.

    La fâcheuse paralysie
    Le cloua, jeune, sur son lit ;
    Et finalement l’aphasie,
    Pour ainsi...

  • « Lasse du jardin où je me souviens d’elle,
    J’écoute mon cœur oppressé d’un parfum.
    Pourquoi m’obséder de ton vol importun,
    Divine hirondelle ?

    « Tu rôdes, ainsi qu’un désir obstiné,
    Réveillant en moi l’éternelle amoureuse,
    Douloureuse amante, épouse douloureuse,
    ...