• J’ai suivi dans la nuit le rayon d’une étoile
    Et mes yeux ont vu luire, humble et jouant la voile,
    Aux champs lointains si bleus qu’ils font croire à la mer
    La maison comme un point, et, répandu dans l’air
    Doré, tout le village aux pieds du clocher mince…
    Gai, certes, car j'avais découvert la province !

    La province, bien oui, voyageur, qu’en dis-tu ?
    ...

  • On lui reprochait tout
    Depuis longtemps, mais à l’écart, dans l’ombre

    Et c’était son astuce et ses ruses sans nombre,
    Et c’était son orgueil qu’il maintenait debout
    Même en cédant obliquement à la...

  • I

    La langu’ française est infinie,
    Ell’ contient d’innombrables mots,
    Pourtant nous avons la manie
    D’employer des noms d’animaux ;
    Ainsi, parfois, ma femm’ rouspète
    Et m’cherche noise à la maison,
    Eh ! bien, c’est toujours un nom d’bête
    Qui lui sert de comparaison.

    ...
  • Ô Dames belles et honnestes,
    Venez voir mes beaux éventails
    Jusque dans leurs moindres détails ;
    Ils ont appétit de vos gestes
    Et réclament la volupté
    De caresser votre beauté.

    J’en ai de plus de cent manières,
    D’au moins mille et une façons ;
    J’en ai pour les vieux polissons

    Comme pour de jeunes rosières :
    Approchez, faites...

  • Et chaque fois que l’almanach

    Ramène en Flandre
    Et jour des Cendres
    Et Mardi gras,
    Les solennels boulangers sonnent,
    À coups de trompe au petit jour,
    Que leurs pains blancs, fourrés et lourds,
    Cuisent au four,
    Pour le bonheur et les amours

    Des petites et grandes personnes.

    ...
  •  
    Je laisse sans regret s’écouler les injures
    et je passe mon chemin
    au bord duquel les doux les serviables
    plantent sans impatience
    ces arbres magnifiques du mépris

    Je suis seul avec mes jouets
    tête genoux et rire
    laissés de côté par mes commerçants
    je suis seul c’est une façon de parler
    dans une chambre
    qui est ma chambre d’...

  • Dans un vieux magazine,
    N’ai-je pas lu qu’en Chine,
    Quand les parents venaient
    De mettre un fils en terre,
    Péri célibataire,
    Qu’aussi bien ils tenaient

    Pour sûr que cette vie
    D’une autre était suivie,
    Leur deuil était cruel ;
    D’autant plus que son ombre
    Allait souffrir d’un sombre
    Célibat éternel !

    Alors, ces pauvres...

  • L’accord était conclu depuis Noël passé ;

    Mais il fallait d’abord que mourût le grand-père,
    Pour que ses six bonniers de belle et forte terre
    Fussent le bien du fiancé.

    L’aïeul est mort, et la noce aujourd’hui déploie
    Sur l’ample mariée et la moire et la soie ;
    Et le solide anneau, dont l’or scintille et bouge,
    ...

  • Sous les molles pâleurs qui voilaient en silence
    La falaise, la mer et le sable, dans l’anse
    Les embarcations se réveillaient déjà.
    Du gouffre oriental le soleil émergea
    Et couvrit l’Océan d’une nappe embrasée.
    La dune au loin sourit, ondoyante et rosée.
    On voyait des éclairs aux vitres des maisons.
    Au sommet des coteaux les jeunes frondaisons
    ...

  • Sonore et blond, ainsi qu’une ruche au soleil,
    Le port autour de nous riait au soir vermeil.
    Des calfats amusaient, en se battant, la foule.
    Mon navire roulait doucement à la houle,
    Paisible sous les yeux du maître débarqué,
    Et s’en venait parfois heurter le bord du quai,
    Comme s’il eût gardé de son voyage immense
    Un doux et long roulis qui toujours...