• Satan par le bois vert nostre aïeule ravit,
    Jesus par le bois sec à Satan l'a ravie ;
    Le bois vert à l'Enfer nostre aïeule asservit.
    Le bois sec a d'Enfer la puissance asservie

    Satan sur le bois vert vit sa rage assouvie,
    Jesus sur le bois sec son amour assouvit.
    Le bois vert donna mort à toute ame qui vit,
    Le bois sec, ô merveille ! à tous morts donne...

  • L'esprit calme des dieux habite dans les plantes.
    Heureux est le grand arbre aux feuillages épais ;
    Dans son corps large et sain la sève coule en paix,
    Mais le sang se consume en nos veines brûlantes.

    A la croupe du mont tu sièges comme un roi ;
    Sur ce trône abrité, je t'aime et je t'envie ;
    Je voudrais échanger ton être avec ma vie,
    Et me dresser...

  • Le maistre ouvrier en vraye agriculture
    Planta jadis au terrestre verger
    Arbres plusieurs, de fruict et floriture
    Belles a veoir et doulces a manger ;
    Dont ordonna une fructueuse ente
    De ses clozier et cloziere estre exempte
    Du fruict cueillir ; mais le serpent hideux
    Si fort souffla qu'en mangerent tous deux,
    Soulz fainct blazon de parole fardee ;
    ...

  • J'étais un arbre en fleur où chantait ma Jeunesse,
    Jeunesse, oiseau charmant, mais trop vite envolé,
    Et même, avant de fuir du bel arbre effeuillé,
    Il avait tant chanté qu'il se plaignait sans cesse.

    Mais sa plainte était douce, et telle en sa tristesse
    Qu'à défaut de témoins et de groupe assemblé,
    Le buisson attentif avec l'écho troublé
    Et le...

  • Je plante en ta faveur cet arbre de Cybèle,
    Ce pin, où tes honneurs se liront tous les jours :
    J'ai gravé sur le tronc nos noms et nos amours,
    Qui croîtront à l'envi de l'écorce nouvelle.

    Faunes qui habitez ma terre paternelle,
    Qui menez sur le Loir vos danses et vos tours,
    Favorisez la plante et lui donnez secours,
    Que l'Été ne la brûle, et l'Hiver ne...

  • Tu réveilles en moi des souvenirs confus.
    Je t'ai vu, n'est-ce pas ? moins triste et moins modeste.
    Ta tête sous l'orage avait un noble geste,
    Et l'amour se cachait dans tes rameaux touffus.

    D'autres, autour de toi, comme de riches fûts,
    Poussaient leurs troncs noueux vers la voûte céleste.
    Ils sont tombés, et rien de leur beauté ne reste ;
    Et toi-même...

  • Tout seul,
    Que le berce l'été, que l'agite l'hiver,
    Que son tronc soit givré ou son branchage vert,
    Toujours, au long des jours de tendresse ou de haine,
    Il impose sa vie énorme et souveraine
    Aux plaines.

    Il voit les mêmes champs depuis cent et cent ans
    Et les mêmes labours et les mêmes semailles ;
    Les yeux aujourd'hui morts, les yeux
    ...

  • Le premier arbre de l'allée ?
    - Il est parti, dites, vers où,
    Avec son tronc qui bouge et son feuillage fou
    Et la rage du ciel à ses feuilles mêlée ?

    Les autres arbres ? - L'ont suivi
    Sur double rang, à l'infini ;
    Ils vont là-bas, sans perdre haleine,
    A sa suite, de plaine en plaine ;
    Ils vont là-bas où les conduit
    Sa marche à lui,...

  • Et puis je vis l'arbre dodonien
    Sur sept coteaux épandre son ombrage,
    Et les vainqueurs ornés de son feuillage
    Dessus le bord du fleuve ausonien.

    Là fut dressé maint trophée ancien,
    Mainte dépouille, et maint beau témoignage
    De la grandeur de ce brave lignage
    Qui descendit du sang dardanien.

    J'étais ravi de voir chose si rare,
    Quand de...