Ode
L'infidélité me déplaît,
Et mon amour juge qu'elle est
Le plus noir crime de la terre :
Lorsque les Dieux firent venir
Les premiers éclats du tonnerre,
Ce ne fut que pour la punir.
La Déesse qui fait aimer
Des flots de l'inconstante mer
Sortit à la clarté du monde.
Or Vénus si ton doux flambeau
Fût venu d'ailleurs...
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(extraits)
... Je verrai ces bois verdissants
Où nos îles et l'herbe fraîche
Servent aux troupeaux mugissants
Et de promenoir et de crèche.
L'aurore y trouve à son retour
L'herbe qu'ils ont mangée le jour,
Je verrai l'eau qui les abreuve,
Etj'orrai plaindre les graviers
Et repartir l'écho du fleuve
Aux injures des mariniers.... -
Sonnet
Chère Isis, tes beautés ont troublé la nature,
Tes yeux ont mis l'Amour dans son aveuglement,
Et les Dieux occupés après toi seulement
Laissent l'état du monde errer à l'aventure.
Voyant dans le soleil tes regards en peinture,
Ils en sentent leur coeur touché si vivement
Que s'ils n'étaient cloués si fort au firmament,
Ils... -
Si votre doux accueil n'eût consolé ma peine,
Mon âme languissait, je n'avais plus de veine,
Ma fureur était morte, et mes esprits couverts
D'une tristesse sombre avaient quitté les vers.
Ce métier est pénible, et notre sainte étude
Ne connaît que mépris, ne sent qu'ingratitude :
Qui de notre exercice aime le doux souci,
Il hait sa renommée et sa... -
Élégie
J'ai fait ce que j'ai pu pour m'arracher de l'âme
L'importune fureur de ma naissante flamme,
J'ai lu toute la nuit, j'ai joué tout le jour,
J'ai fait ce que j'ai pu pour me guérir d'Amour,
J'ai lu deux ou trois fois les beaux secrets d'Ovide,
Et d'un cruel dessein à mes Amours perfide,
Goûtant tous les plaisirs que peut donner Paris,
... -
Ode
Plein de colère et de raison
Contre toi barbare saison
Je prépare une rude guerre,
Malgré les lois de l'Univers,
Qui de la glace des hivers
Chassent les flammes du tonnerre
Aujourd'hui l'ire de mes vers
Des foudres contre toi desserre.
Je veux que la postérité
Au rapport de la vérité
Juge ton crime par ma haine,... -
Ode
Un Corbeau devant moi croasse,
Une ombre offusque mes regards,
Deux belettes et deux renards
Traversent l'endroit où je passe :
Les pieds faillent à mon cheval,
Mon laquais tombe du haut mal,
J'entends craqueter le tonnerre,
Un esprit se présente à moi,
J'ois Charon qui m'appelle à soi,
Je vois le centre de la terre.
... -
Qui que tu sois, de grâce écoute ma satire,
Si quelque humeur joyeuse autre part ne t'attire ;
Aime ma hardiesse et ne t'offense point
De mes vers, dont l'aigreur utilement te point.
Toi que les éléments ont fait d'air et de boue,
Ordinaire sujet où le malheur se joue,
Sache que ton filet que le destin ourdit
Est de moindre importance encor qu'on ne te... -
Ministre du repos, Sommeil père des songes,
Pourquoi t'a-t-on nommé l'image de la mort ?
Que ces faiseurs de vers t'ont jadis fait de tort,
De le persuader avecque leurs mensonges !
Faut-il pas confesser qu'en l'aise où tu nous plonges,
Nos esprits sont ravis par un si doux transport,
Qu'au lieu de raccourcir, à la faveur du sort,
Les plaisirs de nos... -
Élégie
Proche de la saison où les plus vives fleurs
Laissent évanouir leur âme et leurs couleurs,
Un amant désolé, mélancolique et sombre,
Jaloux de son chemin, de ses pas, de son ombre,
Baisait aux bords de Loire en flattant son ennui,
L'image de Caliste errante avecque lui.
Rêvant auprès du fleuve il disait à son onde :
" Si tu vas dans la...