• Le lendemain du premier jour de may,
    Dedens mon lit ainsi que je dormoye,
    Au point du jour m'avint que je songay
    Que devant moy une fleur je veoye,
    Qui me disoit : " Amy, je me souloye*
    En toy fier, car pieça mon party
    Tu tenoies ; mais mis l'as en oubly
    En soustenant la fueille contre moy.
    J'ay merveille que tu veulx faire ainsi :
    Riens n'ay...

  • Vous souvient-il de cette jeune amie,
    Au regard tendre, au maintien sage et doux ?
    À peine, hélas ! Au printemps de sa vie,
    Son coeur sentit qu'il était fait pour vous.

    Point de serment, point de vaine promesse :
    Si jeune encore, on ne les connaît pas ;
    Son âme pure aimait avec ivresse
    Et se livrait sans honte et sans combats.

    Elle a perdu...

  • Printemps, que me veux-tu ? pourquoi ce doux sourire,
    Ces fleurs dans tes cheveux et ces boutons naissants ?
    Pourquoi dans les bosquets cette voix qui soupire,
    Et du soleil d'avril ces rayons caressants ?

    Printemps si beau, ta vue attriste ma jeunesse ;
    De biens évanouis tu parles à mon coeur ;
    Et d'un bonheur prochain ta riante promesse
    M'apporte...

  • (extrait)

    Je chante les combats, et ce prélat terrible
    Qui par ses longs travaux et sa force invincible,
    Dans une illustre église exerçant son grand coeur,
    Fit placer à la fin un lutrin dans le choeur.
    C'est en vain que le chantre, abusant d'un faux titre,
    Deux fois l'en fit ôter par les mains du chapitre :
    Ce prélat, sur le banc de son rival altier...

  • L'amour de la Patrie est le premier amour
    Et le dernier amour après l'amour de Dieu.
    C'est un feu qui s'allume alors que luit le jour
    Où notre regard luit comme un céleste feu ;

    C'est le jour baptismal aux paupières divines
    De l'enfant, la rumeur de l'aurore aux oreilles
    Frais écloses, c'est l'air emplissant les poitrines
    En fleur, l'air...

  • ... Bien que par le pesché, dont nostre premier pere
    Nous a bannis du ciel, la terre dégenere
    De son lustre premier, portant de son seigneur
    Sur le front engravé l'éternel deshonneur ;
    Que son aage decline avec l'aage du monde ;
    Que sa fecondité la rende moins feconde,
    Semblable à celle-là dont le corps est cassé
    Des tourmens de Lucine, et dont le front lassé...

  • Laissons le lit et le sommeil,
    Cette journée :
    Pour nous l'aurore au front vermeil
    Est déjà née.
    Or que le ciel est le plus gai
    En ce gracieux mois de mai,
    Aimons, mignonne;
    Contentons notre ardent désir :
    En ce monde n'a du plaisir
    Qui ne s'en donne.

    Viens, belle, viens te promener
    Dans ce bocage;
    Entends les oiseaux...

  • Voici de ton Etat la plus grande merveille,
    Ce fils où ta vertu reluit si vivement ;
    Approche-toi, mon prince, et vois le mouvement
    Qu'en ce jeune Dauphin la musique réveille.

    Qui témoigna jamais une si juste oreille
    A remarquer des tons le divers changement ?
    Qui jamais à les suivre eut tant de jugement,
    Ou mesura ses pas d'une grâce pareille ?
    ...

  • Le bassin est uni : sur son onde limpide
    Pas un souffle de vent ne soulève une ride ;
    Au lever du soleil, chaque flot argenté
    Court, par un autre flot sans cesse reflété ;
    Il répète ses fleurs, comme un miroir fidèle ;
    Mais la pointe des joncs sur la rive a tremblé...
    Près du bord, qu'elle rase, a crié l'hirondelle...
    Et l'azur du lac s'est troublé !...

  • Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses.
    Je ne suis pas en train de parler d'autres choses.
    Premier mai ! l'amour gai, triste, brûlant, jaloux,
    Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups ;
    L'arbre où j'ai, l'autre automne, écrit une devise,
    La redit pour son compte et croit qu'il l'improvise ;
    Les vieux antres pensifs, dont rit le geai...