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    « Le jour n’est pas venu, » disent-ils... que t’importe !
    L’héroïsme est chez toi l’œuvre de tous les jours.
    Non, Pologne du Christ, non, non tu n’es pas morte !
    Tu forceras le ciel à te prêter secours.

    Devant tes morts d’hier la haine s’est trompée :
    À voir un peuple entier portant son propre deuil,
    À voir tes fils tomber sans tirer leur épée...

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    On dit qu’impatients d’abdiquer la jeunesse,
    Aux sordides calculs vous livrez vos vingt ans ;
    Qu’à moins d’un sang nouveau qui du vieux sol renaisse,
    La France et l’avenir ont perdu leurs printemps.

    A l’âge où nous errions, livre en main, sous la haie,
    Tout prêts à dépenser notre cœur et nos jours,
    On dit que vous savez ce que vaut en monnaie
    ...

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    I

    Que t’importe d’entrer dans la terre promise,
    Si tu vois sur ses tours nos drapeau triomphants ;
    Si du haut de l’Horeb tu peux, arec Moïse,
    Montrer d’un doigt certain la route à nos enfants ;

    Si tu sais, dans ta foi, qu’une vertu se fonde,
    Que ton dernier combat fut gagné sur le mal,
    Que ta race et ton Dieu régneront sur le monde,
    Que...

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    Puisque assis au foyer de tes chaudes collines,
    J'en ai bu les parfums dans l'or de ton soleil,
    Puisque tes pins, touchés par les brises marines,
    Bercent si doucement mon rêve ou mon sommeil ;

    Puisqu'on me réchauffant, comme eût fait une mère,
    A ton hôte engourdi tu rends force et gaîté,
    Je dois, en mes adieux, selon le vieil Homère,
    Payer d'...

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    — O mère des vivants, ô terre, ô déité,
    Nul homme plus que moi n'adore ta beauté !
    Il n'est pas de rayon au ciel, et pas de globe,
    Qui me soient plus sacrés qu'une fleur de ta robe.

    — Je me souviens de toi ; sur mes plus hauts sommets
    Un pied plus amoureux ne se posa jamais.
    Je t'ai vu, gravissant mes Alpes solitaires,
    T'abreuver à longs...

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    Si j'ai conduit, souvent, la Muse loin des villes,
    Amoureux du désert et des sentiers secrets ;
    Si j'enlaçais, hier, dans mes loisirs tranquilles,
    L'olivier de Provence au chêne du Forez ;

    Si j'ai trop écouté l'esprit des solitudes ;
    Si, des sapins neigeux aux myrtes toujours verts,
    Errant parmi ces bois où j'ai mes habitudes,
    J'ai perdu tant...

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    Il est à vous ce livre issu de la prière :
    Qu’il garde votre nom et vous soit consacré ;
    Ce livre où j’ai souffert, ce livre où j’ai, pleuré,
    Ainsi que tout mon cœur, il est à vous, ma Mère !

    J’y mets tout ce que j’ai d’espérance et de foi,
    Ma plus ferme raison, mes ardeurs les plus hautes,
    Mon âme entière... hormis ses erreurs et ses fautes ;...

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    I

    Quand j’eus pris pour devoir la sainte Poésie,
    Effrayé de ma tâche après l’avoir choisie,
    J’hésitai, m’accusant d’obéir à l’orgueil...
    Un bras plus fort que moi m’a fait franchir le seuil.
    Alors, pour me donner le courage et l’exemple,
    J’ai gravé votre nom sur la base du temple,
    O mon père ! et je veux qu’à son couronnement,
    L’œuvre,...

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    Sur sa tombe lointaine et que rien ne protège,
    Entassant la poussière et les rameaux flétris,
    Dix ans viennent de fuir, fertiles en débris ;
    Dix ans sur sa mémoire ont répandu leur neige.

    Son nom, toujours présent et baigné de nos pleurs,
    Reste écrit dans ma vie à la plus belle page.
    Ami ! mon cœur, si plein de nouvelles douleurs,
    Garde encore...

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    Déjà mille boutons rougissants et gonflés,
              Et mille fleurs d'ivoire,
    Forment de longs rubans et des nœuds étoilés
              Sur votre écorce noire,

    Jeune branche ! et pourtant sous son linceul neigeux,
              Dans la brume incolore,
    Entre l'azur du ciel et nos sillons fangeux
              Février flotte encore.

    Une heure de...