• Vous aurez beau crier contre la terre,
    La bouche dans le fossé,
    Jamais aucun des trépassés
    Ne répondra à vos clameurs amères.

    Ils sont bien morts, les morts,
    Ceux qui firent jadis la campagne féconde ;
    Ils font l’immense entassement de morts
    Qui pourrissent, aux quatre coins du monde,
    Les morts.

    Alors

    Vous...

  • Les Oracles ont cessé ;
    Colletet est trépassé.

    Dés qu’il eut la bouche close,
    ...

  •  
    Va ! marche au but suprême où marche toute chose :
    Vois, d'un souffle divin l'espace est tourmenté ;
    Quel globe est endormi ? quel astre se repose ?
    Toi seul tu prétendrais à l'immortalité !

    Attends-tu là, couché, que le désert t'apporte
    Ses fontaines d'eau vive où tu veux t'étancher ;
    Et, venu pour toi seul, que Dieu frappe à ta porte,
    Sans...

  •       Arbres dépouillés de verdure,
          Malheureux cadavres des bois,
    Que devient aujourd’hui cette riche parure
          Dont je fus charmé tant de fois ?
    Je cherche vainement, dans cette triste plaine,
    Les oiseaux, les zéphirs, les ruisseaux argentés :
    Les oiseaux sont sans voix, les zéphyrs sans haleine,
       Et les ruisseaux dans leurs cours arrêtés...

  • Souvent la vision du Poète me frappe :
    Ange à cuirasse fauve, il a pour volupté
    L’éclair du glaive, ou, blanc songeur, il a la chape,
    La mitre byzantine et le bâton sculpté.

    Dante, au laurier amer, dans un linceul se drape,
    Un linceul fait de nuit et de sérénité :
    Anacréon, tout nu, rit et baise une grappe
    Sans songer que la vigne a des feuilles, l’...

  • Source intarissable d’erreurs,
    Poison qui corromps la droiture
    Des sentimens de la nature,
    Et la vérité de nos cœurs ;
    Feu follet, qui brilles pour nuire,
    Charme des Mortels insensés,
    Esprit, je viens ici détruire
    Les autels que l’on t’a dressés.

    Et toi, fatale Poésie,
    C’est lui, sous un nom...

  • Source intarissable d’erreurs,
    Poison qui corromps la droiture
    Des sentiments de la nature,
    Et la vérité de nos cœurs ;
    Feu follet, qui brilles pour nuire,
    Charme des mortels insensés,
    Esprit, je viens ici détruire
    Les autels que l’on t’a dressés.

    Et toi, fatale poésie,
    C’est lui, sous un nom...

  • Tu veux donc, belle Uranie,
    Qu'érigé par ton ordre en Lucrèce nouveau,
    Devant toi, d'une main hardie,
    Aux superstitions j'arrache le bandeau;
    Que j'expose à tes yeux le dangereux tableau
    Des mensonges sacrés dont la terre est remplie,
    Et que ma philosophie
    T'apprenne à mépriser les horreurs du tombeau
    Et les terreurs de l'autre vie.
    Ne...

  • Ode

    Plein de colère et de raison
    Contre toi barbare saison
    Je prépare une rude guerre,
    Malgré les lois de l'Univers,
    Qui de la glace des hivers
    Chassent les flammes du tonnerre
    Aujourd'hui l'ire de mes vers
    Des foudres contre toi desserre.

    Je veux que la postérité
    Au rapport de la vérité
    Juge ton crime par ma haine,...

  • (Au peuple du 19 octobre 1830)

    Vains efforts ! périlleuse audace !
    Me disent des amis au geste menaçant,
    Le lion même fait-il grâce
    Quand sa langue a léché du sang ?
    Taisez-vous ! ou chantez comme rugit la foule ?
    Attendez pour passer que le torrent s'écoule
    De sang et de lie écumant !
    On peut braver Néron, cette hyène de Rome!
    Les brutes ont...