La seule chose que j’envie,
C’est de sentir autour de moi
Frémir l’insulte de la vie
Pour en tirer un peu d’émoi.

Salut donc, printemps dont le livre
M’offre un martyrologe sûr,
Salut, cher bourreau qui me livre
Au vaste dédain de l’azur.

Partout...

Le soleil s’est levé du milieu des collines
Comme le premier-né divin des nuits d’été,
Déchirant, dans un vol de flammes emporté,
Du matin frissonnant les frêles mousselines.

Les champs, l’eau, les forêts graves & sibyllines,
La terre jusqu’au ciel tressaille...

Comme une vierge au front vermeil
Dans le jardin des cieux venue,
L’Aube, ayant vaincu le sommeil,
Cueille les fruits d’or de la nue.

Dans l’azur, immense verger
Des constellations fécondes,
Elle passe d’un pas léger,
Laissant flotter ses tresses...