• Donnez la même tombe aux deux êtres aimés :
    Qu’ils soient dans l’inconnu côte à côte enfermés !
    Ramenez, s’il est loin, celui que l’autre pleure.
    Un seul amour demande une seule demeure ;
    Et c’est une souffrance à torturer un mort,
    De ne point reposer au lit où l’autre dort !
    La matière en révolte elle-même réclame ;
    Le corps aspire au corps ainsi que...

  • Que je te plains, petite plante !
    Disait un jour le lierre au thym :
    Toujours ramper, c'est ton destin ;
    Ta tige chétive et tremblante
    Sort à peine de terre, et la mienne dans l'air,
    Unie au chêne altier que chérit Jupiter,
    S'élance avec lui dans la nue.
    Il est vrai, dit le thym, ta hauteur m'est connue ;
    Je ne puis sur ce point disputer avec toi :
    ...

  • Douce courbe le long du lierre,
    chemin distrait qu'arrêtent des chèvres ;
    belle lumière qu'un orfèvre
    voudrait entourer d'une pierre.

    Peuplier, à sa place juste,
    qui oppose sa verticale
    à la lente verdure robuste
    qui s'étire et qui s'étale.

  • Le lierre noir et la rose églantine
    Défendent les portes du jardin
    Où le soir d'un printemps qui s'obstine
    Est tout d'azur et d'incarnadin.

    Dehors s'éplorent les folles fontaines
    Qui virent mi-mort d'amour l'Enfant
    Venu par les routes incertaines
    Vers ce seuil du rêve triomphant,

    N'ayant connu ni la magique épée
    Que ne rouille pas le...

  • Lorsque la pourpre et l'or d'arbre en arbre festonnent
    Les feuillages lassés de soleil irritant,
    Sous la futaie, au ras du sol, rampe et s'étend
    Le lierre humide et bleu dans les couches d'automne.

    Il s'y tasse comme une épargne ; il se recueille
    Au coeur de la forêt comme en un terrain clos,
    Laissant le froid givrer ses ondoyants îlots
    Disséminés...