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    Oiseaux ! oiseaux que j’envie
    Votre sort et votre vie !

    Votre gentil gouvernail,
    Votre infidèle pennage,
    Découpé sur le nuage,
    Votre bruyant éventail.

    Oiseaux ! oiseaux ! que j’envie
    Votre sort et votre vie !

    Vos jeux, aux portes du ciel ;
    Votre voix sans broderie,
    Écho d’une autre patrie,
    Où notre bouche est sans...

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    Non ! rendez-moi mon bachelet ;
    Mon humble cœur est son varlet !

    Sèche tes pleurs, fille adorée.
    Tu peux puiser dans mon trésor ;
    Veux-tu brillera la vesprée ?
    Prends tous ces velours et cet or !

    Non ! rendez-moi mon bachelet ;
    Mon humble cœur est son varlet !

    Peux-tu préférer, ô ma fille !
    Ce tant pauvret à d’Archambault,
    ...

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    J’ai caressé la mort, riant au suicide,
    Souvent et volontiers quand j’étais plus heureux ;
    De ma joie ennuyé je la trouvais aride,
    J’étais las d’un beau ciel et d’un lit amoureux.
    Le bonheur est pesant, il assoupit notre âme.
    Il étreint notre cœur d’un cercle étroit de fer ;
    Du bateau de la vie il amortit la rame ;
    Il pose son pied lourd sur la...

  • À André Borel.

    Pauvre bougre !
    Jules JANIN

    Là dans ce sentier creux, promenoir solitaire
            De mon clandestin mal,
    Je viens tout souffreteux, et je me couche à terre
            Comme un brute animal.
    Je viens couver ma faim, la tête sur la pierre,
            Appeler le...

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    En vain le meurtrier veut esquiver la hache
    Et le feu vengeur du bourreau :
    Il n’est point d’eau lustrale essangeant cette tache.
    Le fer, est sorti du fourreau ;
    Nonobstant, en son lieu ne rentrera l’épée
    Qu’après avoir trouvé son flanc,
    Et s’être longuement trempée
    Dans ses entrailles, dans son sang.

    C’est en vain, quand la foule et...

  • A ranimer la muse en vain je m’évertue,
    Elle est sourde à mes cris et froide sous mes pleurs ;
    Sans espoir je me jette aux pieds d’une statue
    Dont le regard sans flamme avive mes douleurs.

    C’est son souffle pourtant qui parfume mon âme ;
    C’est sa voix qui m’ouvrit un horizon nouveau,
    El c’est au doux contact de ses lèvres de femme
    Que je sentis un...

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    Oh ! que j’aime à rêver, seul, amoureusement,
    A ma large croisée au vent du soir béante !
    Libre de tous soucis, dans le vague flottante,
    Mon, âme alors s’entr’ouvre au plus doux sentiment.
    Sous les doigts aimantins de ce muet délire,
    Ma nature s’émeut, vibre comme un lyre !

    Là, penché dans les fleurs d’un large abricotier,
    Dont les rameaux...

  • Une douleur renaît pour une évanouie ;
    Quand un chagrin s’éteint, c’est qu’un autre est éclos ;
    La vie est une ronce aux pleurs épanouie.

    Dans ma poitrine sombre, ainsi qu’en un champ clos,
    Trois braves cavaliers se heurtent sans relâche,
    Et ces trois cavaliers à mon être incarnés,
    Se disputent mon être, et sous...

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    Bronze charmant donnant d’amour la fièvre,
    Verte émeraude où luit une beauté,
    Un ange, Iseult, au regard attristé ;
    Oh ! laissez-moi vous presser sur ma lèvre,
    Laissez-moi cette volupté !

    Volupté chaste, et la seule où j’aspire ;
    Car de mon doigt je n’oserais toucher
    Si belle"enfant, peur de l’effaroucher ;
    Je la contemple, ivre de son...

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    I

    Lune, témoin de tant de gloire,
    As-tu marqué dans ta mémoire
    Jamais une plus sainte nuit ?
    Sur unies plus silencieuses,
    Sur cités plus majestueuses,
    Jamais ton regard a-t-il lui !

    Non jamais, Sagonte nouvelle,
    Paris n’eut angoisse plus belle ;

    Paris n’eut citoyens plus beaux,
    Tous agissants comme des ombres,
    Muets,...